Si d'ordinaire, c'est Montréal qui demande de l'argent aux gouvernements, une fois n'est pas coutume, le maire Gérald Tremblay s'est fait demander par plusieurs ministres conservateurs dans quoi la métropole investirait si, d'aventure, le fédéral allongeait des centaines de millions lors de son prochain budget. Du coup, Montréal a vite dressé une liste d'épicerie de 1,17 milliard que La Presse a obtenue.

Les propositions de Montréal sont détaillées dans le document Montréal en chantiers que le maire a remis personnellement aux ministres concernés avant de rencontrer, ce matin, avec une vingtaine d'autres maires canadiens, le responsable fédéral des Transports, des Infrastructures et des Communautés, John Baird.

 

Il s'agit de mises en chantier additionnelles aux investissements déjà prévus dans le budget 2009 de la Ville (3,5 milliards pour 2009-2011). Ces chantiers, espère-t-il, peuvent générer «immédiatement» 16 300 emplois et procurer des retombées fiscales de 310 millions aux gouvernements. Sans compter que créer des emplois diminue les versements reliés à l'assurance-emploi: 350 millions seraient ainsi économisés par Ottawa.

Le maire a expliqué en entrevue, hier, que ces chantiers concerneraient peu les infra-structures routières ou souterraines. Montréal y consacrera déjà 609 millions cette année. Avec déjà 193 chantiers dans les rues de la métropole, on peut intelligemment investir ailleurs, dit le maire. Du coup, les réfections d'infrastructures dans Montréal en chantiers ne représentent que 142 millions sur le 1,17 milliard.

Pour le reste, Montréal propose d'investir 350 millions dans les parcs, dont 163 millions au parc Jean-Drapeau, 184 millions dans des installations sportives, 119 millions pour construire ou rénover des arénas, des piscines et des bibliothèques, 101 millions dans des bâtiments et des places publiques, 80 millions dans les Muséums Nature, 60 millions à Pointe-à-Callière, et plusieurs millions dans l'habitation et le développement du transport collectif, notamment dans le réseau cyclable.

Le maire ne veut pas «d'un autre Chantiers Canada» qui prendrait des années à être appliqué. Il veut qu'Ottawa procède avec une sorte de compte en fiducie où il placerait l'argent à Québec et d'où l'on pourrait, sans casse-têtes administratifs, retirer les sommes nécessaires pour créer ces chantiers, «avec une obligation de résultat a posteriori».

L'investissement se ferait «dans le respect des compétences de Québec», avec de l'argent du provincial dans des proportions qui pourraient être du même ordre que ce qui se fait dans le cadre du Fonds de la taxe sur l'essence (70% fédéral, 15% provincial, 15% Montréal).

M. Tremblay veut aussi qu'Ottawa «fasse un geste» pour le logement social. «On a entendu François Saillant, du FRAPRU, dire que c'est quelque chose qu'on peut réaliser alors il faut le faire», dit le maire.

Il demandera aussi que le développement économique de Montréal ne soit pas oublié, par exemple le secteur pharmaceutique, celui de l'aérospatiale, des sciences de la vie et des technologies de l'information.

Mais le maire a d'autres demandes. Sensible au désaveu que le milieu culturel a servi au gouvernement conservateur lors des dernières élections, il veut qu'Ottawa «envoie un message clair» à ce secteur, avec les espèces sonnantes et trébuchantes nécessaires.

Il a aussi fait savoir à Ottawa qu'il attend un signal financier pour la phase 2 de la transformation de l'autoroute Bonaventure et pour le réaménagement des abords du Centre des sciences, au Vieux-Port.

Le maire dit que Montréal est déjà bien armé pour «passer à travers la conjoncture économique» et il pense que la métropole, le Québec et les autres régions du Canada peuvent, avec l'aide d'Ottawa, faire progresser le PIB de plusieurs points, en investissant rapidement, efficacement et à la bonne place.

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