La réduction du nombre de calèches dans le Vieux-Montréal a coûté un demi-million aux contribuables de la Ville, et la facture augmentera. La Ville a payé en moyenne 25 000$ pour racheter des permis qu'elle avait accordés gratuitement aux exploitants. Et elle veut en racheter d'autres.

L'administration Tremblay et l'arrondissement de Ville-Marie ont commencé à serrer la bride aux cochers il y a deux ans. Résidants et commerçants s'étaient plaints du fait que des calèches étaient laissées à l'abandon par leurs propriétaires. Des automobilistes ont dénoncé la conduite erratique de certains cochers dans les rues du quartier touristique. Et plusieurs de ces petits entrepreneurs étaient acculés à la faillite.«Ils n'étaient pas rentables, explique le responsable du dossier au comité exécutif, Alan DeSousa. Il y avait trop de permis pour une clientèle limitée.»

La Ville a donc adopté une série de règles pour encadrer l'exploitation des calèches et a commencé à racheter des permis d'exploitation afin d'en réduire le nombre. Depuis deux ans, leur nombre est ainsi passé de 47 à 27.

«Les cochers qui restent pourront faire plus d'argent, explique M. DeSousa. Avec cet argent, ils pourront investir pour s'assurer que leur calèche est bien entretenue.»

Le rachat des permis, qui avaient été délivrés gratuitement à leurs titulaires, a coûté jusqu'ici 490 000$, une moyenne de 24 500$ par permis.

Plus cher

Si elle s'en tient à son plan initial, la Ville rachètera encore sept permis pour ne conserver que 20 calèches dans les rues du Vieux-Montréal. Cela veut dire que la facture pourrait grimper encore, d'autant plus que les derniers permis à éliminer coûteront plus cher.

«Il y a moins de permis sur le marché, donc les gens demandent plus pour se retirer», dit Alan DeSousa. La Ville a d'ailleurs refusé d'en racheter parce que leur propriétaire demandait trop cher.

Les autorités espèrent compenser le rachat des permis en augmentant les frais pour ceux qui conservent le leur. Les exploitants doivent maintenant payer 120$ par année pour leur permis, et 450$ pour chaque calèche qu'ils exploitent. En multipliant ces sommes par 27 (le nombre de permis encore en vigueur), on obtient près de 15 500$, presque 10 000$ de moins que le prix de rachat d'un permis.

La politique municipale ne fait pas l'affaire de certains cochers rencontrés hier. Denis Murray, par exemple, estime qu'il n'y a maintenant plus assez de calèches pour répondre à la demande. Des touristes attendent parfois longtemps avant de trouver une place.

«La bonne solution aurait été de permettre à ceux qui étaient mal pris de vendre leur permis à ceux qui ont du succès et qui veulent continuer», renchérit un propriétaire de calèche, qui a demandé à rester anonyme. À la place, ils ont satisfait les braillards qui ne faisaient pas d'argent mais qui ne faisaient peut-être pas les bonnes choses non plus.»