L'administration Tremblay-Dauphin a refusé, lundi soir, d'adopter une motion présentée par l'opposition officielle en faveur d'une aide d'urgence de 500 000 $ pour les banques alimentaires de Montréal. Elle a plutôt choisi d'adopter une résolution afin de demander à Québec de renouveler l'entente sur la pauvreté actuellement en vigueur (5 millions par an fournis à la métropole à cette fin) tout en la bonifiant.

Le chef de l'opposition officielle, Benoit Labonté, a cité un récent reportage de La Presse montrant que les zones où sévit la pauvreté se sont élargies à Montréal ces dernières années. Comme les banques alimentaires de la métropole manquent de moyens, il a proposé que la Ville verse d'urgence un demi-million à ces organismes, une aide qui permettrait de donner l'équivalent de 100 $ par famille.

Mais le maire Gérald Tremblay a alors rejeté catégoriquement cette proposition en expliquant que son administration «fait des efforts depuis sept ans avec le gouvernement du Québec pour trouver des solutions concrètes aux problèmes de l'itinérance et de la pauvreté», soutenant quelque 200 organismes communautaires, notamment une banque alimentaire.

Il a ajouté que Montréal a fait une demande à Québec pour que 7 millions soient investis l'an prochain pour lutter contre la pauvreté à Montréal, 8 millions en 2010 et 9 millions en 2011. Une motion en ce sens a d'ailleurs, par la suite, été adoptée à l'unanimité par le conseil municipal.

Avec émotion, M. Labonté a dit être «subjugué» par la réponse du maire, ajoutant qu'il ne comprenait pas pourquoi le maire ne veut pas prendre 1% des 51 millions de surplus anticipés de la Ville cette année pour aider ces banques plutôt que d'attendre l'entente avec Québec.

Benoit Labonté a alors glissé que dans le secteur où vit le responsable des Finances à la Ville, le conseiller municipal Sammy Forcillo, dans Ville-Marie, «45,6% de la population vit sous le seuil de la pauvreté».

Gérald Tremblay a alors dit au maire de Ville-Marie qu'il n'avait pas «besoin des trémolos dans la voix du chef de l'opposition» et l'a invité à aller servir des repas à l'Accueil Bonneau le 4 janvier.

La nouvelle leader de l'opposition, Anie Samson, a estimé qu'il était regrettable que «les enfants qui ne mangent pas trois repas par jour» doivent attendre «un plan triennal» et que «l'administration reste de glace» et refuse d'entériner la proposition des élus de Vision Montréal.

Le conseiller Union Montréal de Rosemont-La Petite Patrie, André Lavallée, s'est ensuite «indigné» du fait que le gouvernement du Québec n'ait pas renouvelé l'entente «à 15 jours de la fin de l'année».

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a dit qu'il ne voyait pas «comment un homme ou une femme de bonne volonté» peut voter contre une aide d'urgence pour des banques alimentaires.

Mais la mairesse Union Montréal d'Ahuntsic-Cartierville, Marie-Andrée Beaudoin, a parlé d'une mesure «réductrice» et a rejeté l'aide proposée aux banques alimentaires, ce qu'ont fait par la suite tous les élus d'Union Montréal. La motion est alors morte au feuilleton, 14 conseillers ayant voté en sa faveur et 48 s'y étant opposés.

«Je ne peux qu'être abasourdi par aussi peu d'empathie envers les 112 000 Montréalaises et Montréalais qui ont eu recours à un soutien alimentaire en 2008, dont 36 000 sont des enfants», a réagi M. Labonté à l'issue du vote.

La séance du conseil municipal s'est achevée par les voeux tant du maire de Montréal que de celui de Ville-Marie à l'occasion de cette fin d'année. Tous deux ont parlé de paix et ont souhaité une bonne année 2009 à tous les Montréalais.