Les commerçants du centre-ville hésitent à ouvrir leurs portes après 17h le week-end, même s'ils peuvent le faire depuis samedi. Plusieurs doutent de l'efficacité du projet-pilote de la ville de Montréal, qui vise à favoriser la croissance économique des grandes artères commerciales de la métropole.

Mardi, le maire Gérald Tremblay et le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, ont annoncé que les magasins situés entre les rues Atwater, Saint-Urbain, Sherbrooke et Saint-Antoine étaient désormais autorisés à rester ouverts jusqu'à 20h les week-ends, et ce, pour les 18 prochains mois.

 

«C'est certain que ça va faire une différence durant la période des Fêtes ou durant l'été, quand il y a beaucoup de touristes, mais je doute que ça soit profitable les dimanches de février, mars et avril, qui sont les mois creux pour le commerce de détail», explique le gérant d'une boutique Jacob de la rue Sainte-Catherine, Jason Basmaji.

«Dans un contexte où l'économie traverse une crise, je ne pense pas que ce soit la meilleure stratégie d'affaires, poursuit-il. La plupart de mes voisins ont décidé de fermer à 18h. Pour l'instant, nous allons suivre la tendance.»

La rentabilité

De l'autre côté de la rue, le gérant du magasin de chaussures Browns réfléchit également à l'idée de prolonger ses heures d'ouverture.

«Nous avons fermé une heure plus tard hier. Il y a eu des clients, mais ce n'était pas l'Eldorado, explique Charlie Hernst-Charlot. On va tester les heures prolongées pendant la période des Fêtes mais, en janvier, je suis convaincu que nous allons retourner à nos heures normales.»

Des 10 commerces visités par La Presse, huit ont affirmé qu'ils n'étaient pas convaincus de l'impact du prolongement des heures d'ouverture sur leur chiffre d'affaires.

«J'ai connu la période où les centres commerciaux ont été autorisés à fermer à 21h, explique la gérante adjointe de la boutique Garage, Stéphanie Vaillancourt. Laissez-moi vous dire que les lundis soirs, c'était vide. Les employés étaient payés à ne rien faire et les commerçants perdaient beaucoup d'argent. Cela dit, on garde l'esprit ouvert et on va tenter de voir si ça fonctionne ici.»

L'idée de prolonger les heures d'ouverture des commerces du centre-ville a été proposée par Destination centre-ville, un organisme qui représente des milliers de commerçants de Montréal.