L'administration Tremblay s'apprête à frapper un grand coup en transformant une bonne partie du troisième sommet du mont Royal en parc public, a appris La Presse.

Le parc de 23 hectares sera aménagé sur le sommet d'Outremont, propriété de l'Université de Montréal et du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, où se trouve un dépôt à ordures controversé qui a déjà fait les manchettes.

 

Selon ce qu'a appris La Presse, les deux institutions céderont les terres à la Ville par bail emphytéotique de 50 à 99 ans. En plus de préserver la vue sur les contreforts des Laurentides, le parc aura pour effet de protéger l'un des écosystèmes les plus précieux de la montagne: le bois Saint-Jean-Baptiste.

Haut de 211 mètres, le sommet d'Outremont est moins élevé que le mont Royal, qui atteint 233 mètres, mais plus que le sommet Westmount, d'une hauteur de 201 mètres. Qualifié de «sommet oublié» par les Amis de la montagne, le sommet d'Outremont a été enclavé au fil des années par les deux cimetières et par l'Université de Montréal. Il ne manquera donc que la collaboration du cimetière Mont-Royal pour que le parc devienne un endroit entièrement collectif.

«Jusqu'à maintenant, ce sommet est demeuré un trésor caché, explique Sylvie Guilbault, directrice générale des Amis de la montagne. Pour nous, c'est une excellente nouvelle. Depuis 20 ans, nous avons demandé à plusieurs reprises aux institutions de le rendre accessible, notamment par une servitude, mais le contexte n'était pas favorable.»

Dans les prochaines semaines, le comité exécutif de l'équipe Tremblay devrait réunir les partenaires du projet et dévoiler les détails de l'entente ainsi que les étapes de l'aménagement du parc. Sans avoir les mains liées, la Ville de Montréal devra respecter des règles très strictes pour se réapproprier les hectares sauvages et le sentier qui mène jusqu'au sommet, qui rappelle par endroits le chemin Olmsted du parc du Mont-Royal.

Helen Fotopulos, mairesse du Plateau et responsable du dossier du mont Royal, a expliqué à La Presse, hier, que le budget 2009 de la Ville ne prévoit rien à proprement parler pour l'aménagement du parc. Mais de l'argent sera investi dans différentes études de faisabilité.

«Ce qui est certain, à l'heure actuelle, c'est qu'on va pouvoir protéger et mettre en valeur le nord-ouest du mont Royal, a ajouté Mme Fotopulos. Afin d'y parvenir, il est clair qu'il faudra avoir recours à différents programmes ministériels. La montagne est en plein centre de Montréal et, en ce sens, il s'agit d'un joyau collectif.»

André Porlier, directeur du Centre régional de l'environnement (CRE) de Montréal, estime pour sa part qu'il faudra veiller à canaliser la circulation aux abords du sommet d'Outremont pour favoriser les piétons et cyclistes. «On récolte aujourd'hui le fruit de deux institutions interpellées depuis longtemps. Il ne reste plus qu'à assurer la protection de 210 hectares. Cette entente va servir d'exemple aux autres institutions», a ajouté M. Porlier, qui siège à Table de concertation du mont Royal.

Outre la création du parc, la Ville de Montréal entend investir 10 millions au cours des trois prochaines années pour refaire entièrement l'échangeur Côte-des-Neiges-Remembrance, à l'est de la montagne, près du Manège militaire.

Huit millions seront par ailleurs consacrés, l'an prochain, à la fin des travaux de restauration de la croix, au réaménagement de l'entrée Peel (drainage et égout) et au début des travaux du chemin de ceinture. Les partenaires de la Table de concertation sont par ailleurs toujours à la recherche d'un emplacement pour les amateurs de vélo de montagne, qui ont la réputation d'endommager les bois. On cherche donc un emplacement «ailleurs que sur le mont Royal», a précisé la directrice des Amis de la montagne, Mme Guilbault.