Le maire de Saint-Lambert, Sean Finn, a réagi pour la première fois cette semaine au fait que le ministère des Affaires municipales et des Régions vérifie actuellement la gestion de son administration dans le dossier du Country Club de Montréal (CCM).

Il a fait publier un texte dans le Journal de Saint-Lambert et diffusé un communiqué de presse sur CNW dans lequel il est écrit que «le maire Finn riposte». Son administration fait valoir son point de vue dans ce dossier de renégociation du bail du club de golf privé, 22 ans avant son échéance. Ce sujet fait couler beaucoup d'encre sur la Rive-Sud depuis des mois, plusieurs citoyens estimant qu'on fait une fleur au club de golf en abaissant son loyer alors que la municipalité coupe des services à la population.

 

Sur le site internet de la Ville de Saint-Lambert, l'administration Finn mentionne que «les négociations en cours visent à régler un dossier en suspens depuis plus de sept ans». «L'objectif de la Ville de Saint-Lambert est de favoriser les investissements dans l'amélioration des installations par le CCM», ajoute-t-on.

Le maire a affirmé par communiqué que l'article de La Presse du 17 novembre «insinue que l'administration municipale et le conseil municipal de Saint-Lambert trompent la population lambertoise» dans ce dossier. La Presse avait rapporté dans cet article des détails des plaintes qu'ont envoyées des citoyens au ministère afin qu'il vérifie si des irrégularités ont été commises. Le ministère a d'ailleurs décidé de se pencher plus longtemps que les 60 jours habituels sur ce dossier complexe.

Dans son communiqué, le maire demande au Ministère «de remettre le plus rapidement possible le résultat de son enquête». Il dit qu'en 2001, «le CCM a entrepris des négociations de prolongation de son bail dans lequel devaient être fixées de nouvelles conditions». «Les négociations (toujours en cours) permettront de modifier les relations d'affaires entre le CCM et son propriétaire, la Ville de Saint-Lambert, au bénéfice de toutes les parties impliquées», dit-il.

Membre du club

Membre du CCM, Me Sean Finn reproche à La Presse d'avoir omis de relater l'existence d'un avis juridique qu'il a lui-même commandé à un avocat qu'il a choisi et payé pour cela, Me Claude Bisson, en juillet dernier. Quand l'avis lui a été fourni, il l'a fait officialiser par le conseil municipal en août.

Dans son avis, Me Bisson conclut que le fait que la directrice générale de Saint-Lambert, Michèle Lortie, négocie le renouvellement du bail alors que son mari est membre du club ne constitue pas une situation de conflit d'intérêts «ni réel, ni potentiel, ni apparent». Il ajoute que Mme Lortie n'est que «la mandataire du conseil municipal et que ce dernier a conservé son pouvoir décisionnel».

Mais cet avis ne se penche pas explicitement sur le fait que Mme Lortie est elle-même «membre conjointe» du club, tel que l'indique le Guide des membres 2008, qui précise qu'un membre conjoint, qui paie une cotisation annuelle de 2313,50$, «jouit des privilèges du chalet en tout temps et ses privilèges de jeu et accès au parcours sont les mêmes qu'un membre actionnaire B».

Pourquoi Me Bisson n'évoque-t-il pas ce statut dans son avis pour dire si, selon lui, Mme Lortie se trouve dans une situation délicate quand elle discute du bail avec son propre club de golf? Me Bisson a dit hier à La Presse qu'il ne peut dévoiler le mandat confié par le maire.

Le maire dit avoir transmis ce mandat «verbalement au téléphone» à Me Bisson. Il a dit à La Presse jeudi qu'il a bel et bien mentionné à Me Bisson que Mme Lortie est membre conjointe du club. Pourquoi alors l'avocat n'en parle-t-il pas? Me Bisson ne veut faire aucun commentaire sur ce sujet.

Pour le maire Finn, il est «clair» qu'il n'y a aucun conflit d'intérêts dans ce dossier. Il insiste pour dire que Me Bisson, du cabinet McCarthy Tétrault, est un ancien juge en chef de la Cour d'appel du Québec et qu'il agit depuis juin 1996 à titre de jurisconsulte de l'Assemblée nationale.