L'administration Tremblay demande au gouvernement du Québec de retourner à sa planche à dessin afin de s'assurer que le futur échangeur Turcot ne devienne pas une autre trappe où se succéderont les bouchons de circulation.

Les élus de Montréal estiment que, à l'heure actuelle, le projet ne tient pas compte du développement dans le secteur, notamment du péage métropolitain. Ils dénoncent aussi le fait qu'on n'ait prévu aucun plan pour atténuer l'impact des travaux sur la circulation et sur la vie de quartier.

 

Dans une lettre envoyée au ministère des Transports (MTQ) hier, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, souhaite vivement «que le projet ne soit pas conçu uniquement comme un corridor routier, mais comme un véritable projet urbain intégré».

Pas qu'un projet d'ingénieurs

«Nous avons visité les lieux cet été avec les maires des arrondissements concernés, explique André Lavallée, responsable du transport au comité exécutif de la Ville, et nous avons conclu que le futur échangeur ne peut pas être qu'un projet d'ingénieurs. Il faut le voir à une autre échelle, comme on l'a fait pour l'échangeur du Parc-des Pins, en tenant compte d'autres facteurs comme les expropriations.»

À ce chapitre, Montréal s'inquiète du sort d'une centaine de logements et du Centre sportif Gadbois, dans l'arrondissement du Sud-Ouest, qui se retrouvera nez à nez avec l'échangeur Turcot. «On ne peut quand même pas ériger un mur antibruit devant la porte principale du centre, ironise M. Lavallée. Je pense qu'il y a des options à étudier, comme celle de déménager une partie du complexe.»

Avec par-dessus le marché le projet de navette ferroviaire entre l'aéroport Montréal-Trudeau et le centre-ville, plus un projet de train de banlieue, la Ville croit qu'il est impératif que Québec tienne compte du plan de transport de Montréal en matière de covoiturage et de transports en commun.

Les élus municipaux n'ont pas de solution miracle à proposer au gouvernement, mais ils soutiennent qu'on ne peut pas se permettre de faire «fausse route avec un futur échangeur au coût de 1,5 milliard».

Audiences du BAPE

Au MTQ, les fonctionnaires affectés au dossier de l'échangeur Turcot ont pour leur part tenu plusieurs rencontres, au cours des dernières semaines, pour réévaluer le projet. Le porte-parole Réal Grégoire, du ministère des Transports, explique que cinq comités de travail ont été formés, dont un avec la Ville de Montréal.

«Ce que la ministre a dit en juillet 2007 - et je pense que tout le monde s'entend là-dessus -, c'est qu'il faut reconstruire l'échangeur. Par la suite, on a proposé un concept en remblai au lieu de reconstruire en hauteur. Mais il est clair qu'il n'y a rien de définitif là-dedans et qu'on tient compte de tous les aspects et impacts de la construction.»

M. Grégoire ajoute que les citoyens, environnementalistes, élus et groupes de pression auront amplement l'occasion de s'exprimer devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), en 2009. Pendant ce temps, le vieil échangeur demeure sous haute surveillance et l'horizon de construction demeure le même: 2009-2015.

La semaine dernière, le Centre régional de l'environnement (CRE) de Montréal avait pressé la Ville de demander une réévaluation à la baisse de la capacité de l'échangeur afin d'en faire une référence en matière d'environnement. L'organisme a salué l'effort de Montréal, hier, en demandant un nouveau projet qui réduira le flot de circulation grâce à une offre bonifiée de transport collectif. Une moyenne de 280 000 véhicules empruntent l'échangeur chaque jour.