Le propriétaire du Canadien de Montréal, George Gillett, est sur le point de mettre la main sur un joyau historique de Montréal : la gare Windsor. C'est ce que révèle un décret du gouvernement fédéral, publié il y a quelques jours sur le site web du Bureau du Conseil privé.

Le document autorise la vente de l'immeuble classé «gare ferroviaire patrimoniale» et «lieu historique national» à un partenariat formé de deux sociétés : Cadillac Fairview Corporation Ltd, une compagnie de l'Ontario, et Gillett Family Limited Partnership.

On ignore ce que le groupe compte faire de sa nouvelle acquisition, si la vente se concrétise. On ignore également le coût de la transaction. Le porte-parole de M. Gillett, Donald Beauchamp, et celui du Canadien Pacifique, Michel Spénard, sont restés avares de détails.

«Je suis obligé de vous mentionner que l'on n'émettra pas de commentaire dans ce dossier-là pour le moment», a déclaré M. Beauchamp, vice-président aux communications du Club de hockey Canadien. M. Gillett a fait de même.

Salle de spectacle?

On sait cependant que des hommes d'affaires s'activent depuis près de deux ans pour acheter des terrains et des immeubles autour du Centre Bell. Dans un reportage il y a quelques mois, le journal Les Affaires évaluait que Salvatore Iacono, qui dirige la société immobilière Davin Capital, a déboursé plus de 30 millions de dollars pour acheter six propriétés rue Saint-Antoine, en bordure de l'amphithéâtre.

Le même journal a révélé l'an dernier que le vice-président de l'exploitation du Centre Bell, Alain Gauthier, avait payé 21,5 millions pour se porter acquéreur d'un terrain de stationnement à l'angle des rues Peel et Saint-Antoine.

Jusqu'ici, l'un des projets les plus souvent évoqués est la construction par le groupe Gillett d'une salle de spectacle d'environ 5000 places non loin du Centre Bell.

La construction d'un centre commercial dans les environs n'est pas à exclure non plus, si l'on tient compte de la présence dans le partenariat du constructeur de centres comme le Fairview Pointe-Claire, les Galeries d'Anjou et les Promenades Saint-Bruno.

Quant à la gare, plusieurs possibilités peuvent être envisagées : patinoire extérieure, hôtel, condos, salle de spectacle, cinéma...

Mais pour l'heure, tout n'est que spéculation et les porte-parole n'ont rien voulu confirmer. L'homme d'affaires Salvatore Iacono non plus : joint par La Presse, il a refusé de dire si les 30 millions qu'il a récemment investis dans le secteur étaient reliés au projet de George Gillett.

O. K. de Québec

Une chose est sûre cependant : l'acquisition de la gare semble être inéluctable. Lorsqu'elle a annoncé son processus d'appel d'offres en août 2007, la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique avait déclaré vouloir se départir de l'édifice situé à côté du Centre Bell avant 18 mois. En principe, cela ne laisse donc plus que quelques mois pour finaliser la vente.

L'autorisation rendue publique la semaine dernière par le ministre de l'Environnement du Canada posait deux conditions. L'une veut que la ministre québécoise de la Culture ait formulé au moment de la signature un avis d'intention de désigner la gare Windsor comme bien culturel classé au sens de la loi provinciale. L'autre, routinière, porte sur l'identification des parties impliquées.

Au bureau de la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, on indique que cet avis d'intention a été signé en septembre.

On pourrait donc connaître sous peu le sort que compte réserver le propriétaire du Canadien de Montréal et ses partenaires à l'immeuble et au terrain du Canadien Pacifique, évalués à environ 40 millions par la Ville de Montréal.

Dans l'attente, le directeur des politiques du groupe de protection architectural Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, a semblé encouragé par ces développements. Le classement patrimonial par le gouvernement du Québec donnera à la gare une protection efficace, juge-t-il. Cette protection s'étend à tout l'extérieur de l'édifice, de même qu'à certains éléments à l'intérieur, dont la salle des pas perdus, les trois entrées, trois horloges et le tableau d'affichage de l'ancienne gare.

M. Bumbaru se dit aussi rassuré par l'identité des promoteurs qu'il considère comme sérieux. «On a tellement vu de cowboys dans le passé!» a-t-il lancé.