La Ville de Montréal réclame une révision à la baisse des budgets de dépenses de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) et l'abandon de plusieurs études sur des projets de transports en commun qui «sont en contradiction» avec son plan de transport.

Dans un document de 13 pages d'une rare virulence, que La Presse a obtenu, la Ville et la Société de transport de Montréal (STM) affirment que les dépenses de l'AMT, qui relève du gouvernement du Québec, ne reflètent «aucun effort de rationalisation pour atténuer la pression financière sur les municipalités et les organismes de transport».

Montréal conteste aussi la décision de l'AMT de plafonner pour 2009 les subventions «à l'aide métropolitaine», malgré l'augmentation des revenus anticipés grâce à une hausse moyenne de 3,5% de ses tarifs.

La Ville de Montréal et la STM estiment ainsi que des «choix budgétaires» que fait l'AMT pour équilibrer ses propres finances occasionneront un manque à gagner estimé à environ 5 millions pour 2008 et 2009, et ce, seulement pour le fonctionnement du métro.

La Ville et la STM réclament enfin que l'agence gouvernementale prenne en considération les projets et les orientations du Plan de transport de Montréal, adopté au printemps.

À titre d'exemple, Montréal réclame la mise en chantier, dès 2009, d'un autobus express sur le boulevard Pie-IX, alors que l'AMT ne prévoit qu'une étude sur la pertinence d'aménager un tramway ou un train léger (SLR) dans le même axe.

Montréal n'est pas seul à se plaindre du coût de plus en plus élevé des projets de l'AMT. Deux semaines après que la Ville et la STM eurent envoyé leur document, le comité exécutif de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a aussi réclamé que les subventions aux organismes de transport soient «déplafonnées», sous peine de désaveu par les élus de la CMM.

La CMM, organisme public de concertation régionale, exerce des compétences importantes en matière d'aménagement et de transport dans les 82 municipalités de la métropole. Elle a le pouvoir de s'opposer aux tarifs décrétés par l'AMT dans ses autobus et trains de banlieue et au budget de dépenses annuelles de l'agence. Les municipalités de la CMM verseront un peu plus de 40 millions au budget d'exploitation de l'AMT, qui s'élève pour l'an prochain à 294 millions.

Des projets coûteux

Si la Ville remet en question les choix budgétaires de l'AMT, qui auront notamment pour effet de faire grimper de 14% la facture liée au fonctionnement des trains de banlieue pour les municipalités, elle et la STM en ont surtout contre les grands projets d'investissement de l'agence.

Par exemple, Montréal critique la décision de l'AMT de créer un bureau qui étudiera plusieurs circuits de tramways ou de trains légers.

«La plupart des axes de SLR qui seront examinés ne sont pas considérés comme prioritaires par le Plan de transport de Montréal, font remarquer la Ville et la STM. En revanche, les axes priorisés par Montréal et la STM ne sont pas prioritaires dans la programmation des investissements de l'AMT.»

Le cas du projet de prolongement vers l'est de la ligne de métro 5 (bleue) montre avec encore plus d'évidence le fossé qui sépare la Ville de Montréal et l'AMT.

«Le plan de transport de la Ville de Montréal propose un prolongement de la ligne 5 jusqu'au boulevard Pie-IX (une station) d'ici 5 ans, dit le document. L'AMT propose une étude du prolongement de la ligne 5 jusqu'à la rue Viau (deux stations), en vue d'une réalisation éventuelle. L'échéancier de réalisation n'est pas le même» pour l'AMT et pour Montréal.

En entrevue, la vice-présidente aux communications de l'AMT, Marie Gendron, rétorque que les municipalités de la CMM ont depuis longtemps été informées de l'insuffisance des fonds prévus aux budgets d'immobilisation de l'AMT et de la nécessité d'augmenter les contributions municipales aux nouveaux projets.

L'agence suggère ainsi de doubler les contributions des municipalités au développement des réseaux de transports en augmentant les contributions d'un cent par 100$ d'évaluation, calculées sur la masse foncière de chacune des villes. Les municipalités de la CMM ont toujours refusé.

Pour ce qui est des critiques de Montréal sur les projets qui sont à l'étude, Mme Gendron rappelle que c'est l'AMT qui a compétence sur le développement du métro et des infrastructures de transports en commun dans des axes métropolitains, comme le boulevard Pie-IX et l'avenue du Parc.