La boxe pour remplacer les gangs de rue. C'est le pari qu'a fait un policier de Saint-Michel en fondant le Club de boxe de l'espoir, il y a trois ans. Samedi soir, les jeunes sportifs sont montés dans le ring pour se mesurer à des boxeurs amateurs d'une dizaine d'autres clubs.

Au gymnase de l'école secondaire Louis-Joseph Papineau, les haut-parleurs crachent des rythmes hip-hop et la foule se masse dans les gradins. Evens Guerty observe fièrement ses protégés, qui se préparent à enfiler leurs gants de boxe. Une dizaine de ses collègues du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) sont venus lui prêter main-forte dans l'organisation du gala.«Avec ce projet, Evens est parvenu à récupérer beaucoup de jeunes qui tendaient vers la criminalité. Il a désamorcé bien des bombes», note Fouly Dagher, commandant du poste de quartier 30, à Saint-Michel.

«Ce genre de rapprochement entre les policiers et les jeunes de la communauté est très important», poursuit le policier, qui est également responsable des dossiers de profilage racial au SPVM. «Il faut démystifier l'uniforme et instaurer un respect mutuel entre les deux groupes, car il faut bien le rappeler : nous sommes en concurrence avec les gangs de rue.»

Les policiers, «des gars corrects»

Tous les soirs de semaine, une cinquantaine de jeunes de Saint-Michel s'entraînent à l'école de boxe fondée par Evens Guerty. Seule condition pour prendre part à l'activité : poursuivre ses études.

Vincent Roodsy, 17 ans, s'entraîne tous les soirs et caresse l'espoir de devenir champion olympique. Le jeune homme d'origine haïtienne avoue que sa vision des forces policières a beaucoup changé. «Avant, je ne leur faisais pas confiance, dit-il. Mais aussitôt que t'apprends à les connaître, tu comprends que ce sont des gars corrects.»

Lorsqu'il a lancé son gym de boxe il y a trois ans, Evens Guerty savait que le projet allait porter ses fruits auprès d'adolescents comme Vincent.

«La boxe, c'est un mode de vie. Il y a toute une discipline qui vient avec. Il faut se coucher tôt, bien s'alimenter, donc c'est clair que ça apprend aux jeunes à se responsabiliser, à prendre les commandes de leur destin. Et si ça peut réduire les risques qu'ils fassent un mauvais coup, ça me rend très heureux.»

L'entraîneur de boxe et son commandant au poste 30, Fouly Dagher, sont persuadés que la lutte contre la criminalité passe avant tout par la prévention plutôt que par la répression.

«J'ai travaillé durant quatre ans aux Services correctionnels, à la dernière étape du système judiciaire. Maintenant, je veux être à la source. Car je crois sincèrement que c'est par la prévention qu'on va sauver nos jeunes.»