Même en l'absence du maire Jean-Marc Pelletier, en voyage en Chine, la séance du conseil municipal de Brossard a été perturbée hier soir par une douzaine de citoyens qui ont voulu s'opposer à plusieurs reprises à ce que les caméras des médias présents filment la période de question du public.

Seule la présence de la police a finalement permis à la séance de se poursuivre de façon démocratique.

Dès que la mairesse suppléante, la conseillère du district no 3 Monique Gagné, a ouvert la séance, la greffière Diane Lebrun a lu un texte expliquant aux citoyens le nouveau règlement sur la présence des médias.

 

En effet, malgré le veto du maire, le conseil a adopté un règlement le 7 octobre pour permettre aux médias de faire librement leur travail, comme dans les autres villes du Québec et tel que l'avait réclamé la Fédération professionnelle des journalistes du Québec quelques jours plus tôt. L'administration a d'ailleurs installé dans la salle du conseil trois panneaux officiels pour informer les citoyens sur ce règlement.

«Les médias et professionnels de l'information sont autorisés à effectuer leur travail d'information du public et, de ce fait, toutes les personnes présentes dans cette salle sont susceptibles d'être filmées ou enregistrées à n'importe quel moment pendant la présente séance», peut-on y lire.

Mais une douzaine de citoyens, réputés soutenir le maire Pelletier, ont alors brandi des pancartes sur lesquelles figuraient une caméra barrée d'un trait.

La mairesse a demandé que les pancartes disparaissent car elles étaient partisanes et illégales dans la salle. Mais les citoyens n'ont pas obtempéré.

Après un échange au cours duquel la présidente d'assemblée a été chahutée, Mme Gagné a suspendu la séance pendant 15 minutes.

Pendant l'ajournement, des citoyens manifestants ont invectivé un autre citoyen qui protestait contre leur attitude. L'un d'entre eux a alors dit qu'ils avaient «droit à l'anonymat».

Au retour des élus, la mairesse suppléante a rappelé le règlement, puis la période des questions a repris.

Les citoyens protestataires ont alors rangé leurs pancartes, mais huit d'entre eux se sont caché le visage avec des feuilles de papier pour ne pas être filmés.

Quelques minutes plus tard, un de ces protestataires est quand même venu poser une question avec une pancarte. Mme Gagné lui a alors demandé de se rasseoir sinon elle l'expulserait. Mais il n'y avait aucun policier ni agent de sécurité sur place.

Le citoyen suivant, Daniel Cuerrier, a protesté en disant que la caméra l'intimidait. Mme Gagné lui a demandé de sortir. Il n'a pas obéi. La mairesse suppléante a suspendu pour la deuxième fois l'assemblée. M. Cuerrier a lancé que c'était «de la dictature». Une citoyenne a alors insulté les élus en criant «Pisseux, pisseux».

Quelques minutes plus tard, deux policiers sont entrés dans la salle.

À la reprise de la période des questions, M. Cuerrier est revenu sur le sujet. La greffière lui a expliqué que le règlement sur les médias ne «brime pas la vie privée des gens car il s'agit d'une séance publique».

Le reste de la séance a pu se dérouler normalement.

Par ailleurs, selon le conseiller Zaki Thomas, le maire Pelletier est parti en Chine sans prévenir les élus.