Le nombre d'accidents qui lui sont imputables est relativement stable et des municipalités souhaitent en élargir l'usage. Mais à Montréal, le virage à droite au feu rouge (VDFR) n'est pas pour demain.

Tant à la Ville de Montréal qu'au ministère québécois des Transports (MdT), on n'a aucun projet, intention ou étude visant à l'autoriser sur le territoire montréalais. «Notre volonté est de maintenir cette interdiction, lance André Lavallée, maire de Rosemont-La Petite-Patrie et responsable du dossier de l'aménagement urbain et du transport collectif au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Densément peuplé

Il rappelle que Montréal est densément peuplé, notamment dans ses plus vieux quartiers, ce qui se traduit par beaucoup de circulation. «On a des intersections où il y a des piétons, des cyclistes, de jeunes familles avec des poussettes», dit-il.

Dans ce contexte, le VDFR n'a pas sa place, à ses yeux.

Le maire Lavallée souhaite au contraire «un apaisement général de la circulation» dans les rues de la ville.

Il est choqué régulièrement par le comportement des automobilistes. «On dirait que 80% des conducteurs ont trouvé leur permis de conduire dans une boîte de pop-corn lorsqu'ils sont aux abords d'un passage piétonnier», dit-il.

Lorsque la loi autorisant le VDFR est entrée en vigueur, le 13 avril 2003, un arrêté ministériel a interdit cette manoeuvre sur tout le territoire de l'île de Montréal.

«Pour faire un changement, la demande doit venir du milieu», remarque Daniel Desharnais, attaché de presse de la ministre québécoise des Transports, Julie Boulet.

300 accidents par année

Depuis l'entrée en vigueur de la loi, un peu plus de 300 accidents de tous genres, imputables à un VDFR, surviennent en moyenne par année.

Durant la première année, d'avril 2003 à avril 2004, on en a enregistré 270. On en a enregistré 317 l'année suivante, 310 en 2005-2006 et 330 en 2006-2007.

"Cela représente 0,16% de tous les accidents, dit Paul Jean Charest, conseiller en communications au ministère des Transports. En Amérique du Nord, la moyenne est de moins de 1%."

Par ailleurs, en novembre 2007, La Presse a révélé que, depuis avril 2003, 316 personnes avaient été blessées à la suite d'un virage à droite au feu rouge. L'une d'elles est morte.

Mis à part la ville de New York, Montréal est le seul endroit en Amérique du Nord frappé d'une aussi large interdiction du VDFR.

Ailleurs au Québec, le VDFR est interdit à certains endroits, selon les décisions de l'administration municipale. Le MdT ne tient pas de statistiques quant aux variations de situations (nouvelles autorisations ou interdictions). "Mais la tendance observée est que les autorisations augmentent", dit M. Desharnais.

Peu d'accidents à Longueuil

C'est le cas à Longueuil, où, au cours de l'été, on a réduit les interdictions de presque moitié. Le faible nombre d'accidents observés a incité les autorités à élargir les autorisations complètes ou encore à élargir les périodes de la journée où le VDFR est autorisé.

Par contre, en juillet, Victoriaville a rétabli l'interdiction à quatre intersections, jugées trop fréquentées.

En mai dernier, à Mirabel, la police a exercé une surveillance durant un mois et distribué quelque 200 constats pour des infractions concernant le VDFR. Une porte-parole de la sécurité publique avait alors indiqué au journal Le Mirabel qu'aucun accident impliquant un piéton n'était survenu depuis avril 2003.

Mais la police avait lancé cette opération parce que les citoyens se plaignaient du fait que les piétons ne respectaient pas les feux rouges et que les automobilistes ne s'immobilisaient pas complètement avant de tourner à droite.