Au-delà des débris qui s'accumulent le long des côtes, le plastique qui pollue les océans est aussi une source importante d'émissions de gaz à effet de serre (GES), selon une nouvelle étude d'une équipe de chercheurs de l'Université d'Hawaï.

C'est une Québécoise, Sarah-Jeanne Royer, qui est responsable du projet. L'océanographe a quitté le Brésil pour se joindre à ce groupe de chercheurs en 2015, après leur découverte initiale qui doit un peu au hasard. Les fruits de leurs deux dernières années de recherche ont été publiés dans la revue scientifique américaine Plos One, sur le web, le 1er août.

Depuis la parution de son article, la Dre Royer ne cesse d'accorder des entrevues aux médias un peu partout sur la planète, notamment à la BBC et au National Geographic.

Elle a aussi attiré l'attention du gouverneur de la Californie, Jerry Brown, qui l'a conviée au prochain Sommet mondial d'action pour le climat pour en savoir davantage sur le phénomène.

L'événement accueillera des leaders et des experts du monde entier, du 12 au 14 septembre, à San Diego. Le sujet de la protection des océans figure justement à l'ordre du jour des discussions.

En entrevue à La Presse canadienne, Sarah-Jeanne Royer a expliqué que le phénomène touche l'un des types de plastique les plus utilisés au monde. Il s'agit du polyéthylène de basse densité que l'on retrouve notamment dans les sacs d'emballage en plastique, les sacs de sandwichs ou de conservation des aliments, ainsi que les supports qui servent à retenir les paquets de canettes de bières ou de boissons gazeuses. Ces produits produisent des GES lorsqu'ils se dégradent, et ce, de manière plus significative lorsqu'ils sont exposés au soleil.

«À l'aide de la radiation solaire, le plastique va se dégrader et devenir du microplastique et plus le plastique se dégrade en petits morceaux, plus il va produire des gaz à effet de serre, souligne la chercheure. Si on regarde pendant les 70 dernières années, tout le plastique qui a été produit est présentement en train de se dégrader dans l'environnement et produit des gaz à effet de serre. Donc, plus nous attendons plus les GES vont augmenter de façon exponentielle», prévient l'océanographe.

Elle explique que 90% de ces débris découverts le long des côtes d'Hawaï, en plein milieu de l'océan Pacifique, proviennent de l'industrie de la pêche, mais aussi et surtout, de l'Asie.

«En Asie, ils n'ont plus d'endroits où mettre les déchets et un nombre incroyablement élevé de déchets va se retrouver le long de la côte. Par la suite, la marée haute arrive et amène tous ces déchets à l'océan. À travers les courants océaniques, c'est donc 90% des débris que l'on reçoit à Hawaï, en plein milieu du Pacifique, qui proviennent de là et des débris liés à l'industrie de la pêche.»

Même si les résultats de cette étude proviennent d'une université américaine, il est peu probable qu'ils susciteront l'intérêt de l'administration du président Donald Trump. Ce dernier a quitté le Sommet du G7 de juin dernier à La Malbaie au Québec, sans signer le nouvel engagement contre la pollution des océans par le plastique, tout comme le Japon.

Un an plus tôt, le président Trump avait retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat, qui était si porteur d'espoir il y a trois ans pour faire face aux changements climatiques.

Pas de collaboration non plus de l'industrie de fabrication des produits de plastique.

«Ça été extrêmement difficile de communiquer avec eux et éventuellement ils m'ont tous dit qu'ils ne voulaient plus répondre à mes questions ni communiquer avec moi. À mon avis, les industries de plastique le savent très bien et ne veulent pas le partager.»

Ceci ne décourage pas pour autant l'océanographe québécoise, dont le parcours scientifique a commencé à l'Université Laval à Québec.  Elle collabore notamment depuis trois avec des ONG telles que Greenpeace et la Fondation Leonardo Di Caprio pour sensibiliser la population aux preuves scientifiques de la pollution des océans.