Un projet pilote permettant de suivre en temps réels les chargements de sols contaminés se met en branle à Montréal, plus précisément à l'ancienne cour de voirie d'Outremont vouée au futur campus de l'Université de Montréal. Dorénavant, le chargement des camions sera pesé, suivi en temps réels à travers une trace cryptée, confidentielle, et ce jusqu'aux lieux de traitements ou d'enfouissements autorisés.

«On parle d'un système extrêmement robuste. On a déployé l'armada», a assuré Jean Lacroix, président-directeur général du Réseau Environnement, lors d'une annonce lundi après-midi, en compagnie de la ministre de l'Environnement, Isabelle Melançon, et de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Cette annonce survient au moment où La Presse dévoilait, dans son numéro de lundi matin, que plusieurs projets de construction ont été infiltrés par le crime organisé. Des enquêtes menées par la Sûreté du Québec (SQ) ont entre autres démontré que des sols contaminés à l'arsenic, au plomb et aux hydrocarbures, ont été jetés illégalement au bord de la rivière l'Achigan, à Sainte-Sophie, dans les Laurentides.

Le projet pilote se voulant d'abord «volontaire» est basé sur le système Traces Québec, lancé à la fin de 2017 par Réseau Environnement et Wikinet. Il permettra de définir les caractéristiques de tout système de traçabilité dans un cadre légal, a-t-on indiqué au gouvernement.

«À l'heure actuelle, il est difficile de dire la quantité de sols contaminés. Le crime organisé a profité d'une faille dans le système. Il y a des faux bons de commande, des faux manifestes. Notre but premier est d'obtenir les données sur ce qui est transporté et transformé. C'est un premier pas, mais on veut aller plus loin», a ajouté la ministre Melançon.

Chez Réseau Environnement, on explique s'être inspirée de l'Europe pour élaborer l'application Traces Québec. Il s'agirait du premier système de ce genre de la province. Le gouvernement souhaite étendre la géolocalisation aux matières dangereuses, aux matériaux secs, aux matières résiduelles fertilisantes, matières recyclées, etc.

Sans s'aventurer dans les prochaines étapes de l'enquête de la SQ, la ministre a précisé que les résidents touchés (victimes du crime organisé), vivant aux abords des déversements illégaux, ne «seront pas laissés dans le pétrin.»