Des scientifiques du gouvernement fédéral soutiennent qu'ils peuvent maintenant mesurer de façon précise les émissions de polluants de l'exploitation des sables bitumineux - et ils constatent que les estimations actuelles de l'industrie sont bien en dessous de la réalité.

L'étude, publiée lundi dans la revue de l'Académie américaine des sciences, met l'accent sur les composés organiques volatils (COV), des substances à base de carbone qui peuvent être néfastes pour l'environnement et la santé humaine.

L'industrie des sables bitumineux du nord-est de l'Alberta utilise des méthodes indirectes pour estimer les émissions de COV, notamment en extrapolant à partir d'autres pollutions industrielles, rappelle l'auteur principal de l'étude, Shao-Meng Li, scientifique auprès du ministère fédéral de l'Environnement et du Changement climatique.

M. Li et son équipe ont comparé ces estimations de l'industrie à des mesures prises directement dans l'atmosphère au-dessus des sites d'exploitation des sables bitumineux, à bord d'un avion volant à des altitudes variées. Cette méthode n'était pas envisageable, d'un point de vue technologique, il y a une quinzaine d'années.

Or, les taux de COV mesurés par les chercheurs étaient de deux à quatre fois et demie plus élevés que ce que déclarait l'industrie à Environnement Canada en vertu de l'Inventaire national des rejets de polluants.

Ces mesures ont été prises à l'été de 2013, mais l'équipe de chercheurs prévoit une nouvelle ronde en 2018, afin de déterminer comment la méthode de cueillette de données peut varier selon les conditions météorologiques.

Le coauteur de l'étude, Stewart Cober, estime que cette technique pourrait aussi être appliquée à d'autres méthodes d'exploitation pétrolière et gazière, comme la fracturation hydraulique.

«Nous avons démontré qu'il y a moyen d'obtenir des mesures plus précises (...) Ça change la donne», a estimé M. Cober, directeur de la Section de la recherche sur les processus à Environnement et Changement climatique Canada. Il espère maintenant que l'industrie elle-même utilisera cette méthode de cueillette de données aériennes pour chiffrer ses émissions avec plus de précision.