La minière Canadian Malartic devra réduire les «incidences négatives de ses activités» sur la communauté pour que son projet d'expansion de la mine d'or à ciel ouvert de Malartic soit «acceptable», a conclu le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), dans son rapport d'enquête de 329 pages rendu public jeudi par le ministère de l'Environnement.

Le BAPE donne ainsi le feu vert, sous conditions, au projet d'agrandissement de la mine de Malartic et de la déviation de la route 117 sur plusieurs kilomètres. Ce projet minier, situé en plein coeur de la ville d'Abitibi-Témiscamingue d'environ 3300 habitants, vise l'extraction de 4,25 millions d'onces d'or supplémentaires d'ici 2028. Elle devrait ainsi permettre de conserver 670 emplois en prolongeant l'exploitation de la mine, ouverte en 2011.

Or, si le ministre de l'Environnement reprend l'entièreté des recommandations du BAPE, l'entreprise Canadian Malartic devra montrer patte blanche pour que son projet de 191 millions se réalise d'ici 2018, comme prévu. Le BAPE recommande notamment que la minière produise des «plans crédibles de gestion du bruit, des poussières et des sautages, ce qui pourrait inclure des arrêts plus fréquents d'équipement» dans le but de réduire de façon «significative» les nuisances.

Même si Canadian Malartic a «récemment amélioré sa performance environnementale», soulève la commission, la minière n'a «pas été en mesure de démontrer qu'[elle] peut opérer cette mine à ciel ouvert en milieu urbain en conformité avec les exigences légales qui lui sont imposées». Ainsi, le BAPE effectue une série de recommandations à l'entreprise afin d'«éviter que la poursuite et la prolongation de l'exploitation continuent à nuire à la qualité de vie des Malarticois».

Le BAPE s'adresse également au gouvernement dans son rapport. La commission recommande à Québec d'établir une distance minimale à respecter entre les activités d'une mine à ciel ouvert et des résidences à proximité, afin que les «problèmes de cohabitions comme ceux vécus à Malartic» ne se reproduisent pas. L'existence d'une zone tampon obligatoire permettrait «d'assurer la santé et la qualité de vie des résidents».

La Coalition Québec meilleure mine (CQMM) s'est réjouie jeudi du rapport «sévère» et «très rigoureux» du BAPE, en particulier de la recommandation d'inclure des zones tampons sur les futurs mines. «Le BAPE sonne l'alarme! Les mines à ciel ouvert ne sont plus de petites "minettes", elles sont vraiment  gigantesques. Ça pose des enjeux extrêmement problématiques pour les citoyens autour de ces mines», soutient le porte-parole Ugo Lapointe.

Selon Ugo Lapointe, Canadian Malartic doit «absolument offrir aux gens les plus près de la mine de se relocaliser» pour une compensation équitable, contrairement au montant trop bas proposé par la minière. La CQMM souligne aussi la recommandation du BAPE de nommer un médiateur indépendant pour dénouer l'impasse dans le recours collectif intenté par des voisins mécontents de la mine.

Le ministère de l'Environnement, qui n'est pas obligé d'appliquer l'ensemble des mesures proposées par le BAPE, analysait toujours le rapport jeudi. «Le gouvernement prendra ensuite une décision», a indiqué à La Presse Émilie Simard, attachée de presse du ministre de l'Environnement David Heurtel.

Canadian Malartic a pour sa part accueilli favorablement la décision du BAPE de recommander l'approbation du projet. La minière estime toutefois que «les commissaires ont accordé une très grande importance à des éléments du passé [...] alors que plusieurs faits démontrent pourtant un important virage entrepris depuis 2014 par la mine.»