Une nation autochtone et une coalition d'écologistes ont sommé lundi le gouvernement Couillard de protéger un vaste territoire autour de la rivière Broadback, près de la Baie-James. Ils craignent que cinq entreprises forestières n'obtiennent bientôt le feu vert pour accéder à cette forêt intacte.

Le Comité d'examen (COMEX), l'équivalent du BAPE le territoire de la Convention de la Baie-James, se penche sur un projet de construire 126 kilomètres de chemins forestiers dans la forêt de la Broadback. Ce projet permettrait aux sociétés Matériaux Blanchet, Scierie Landrienne, Tembec, Eacom Timber Corporation et Produits forestiers Résolu d'accéder à une forêt intacte pour y mener des coupes.

En conférence de presse à Québec, lundi, la communauté crie de Waswanipi et plusieurs groupes verts ont fait savoir qu'ils ne veulent rien savoir du projet.

« Notre message est clair: aucun autre projet de développement ne peut être autorisé dans la forêt Broadback par la province du Québec », a déclaré, sans détour, le chef de la communauté, Marcel Happyjack.

Il interpelle le premier ministre Philippe Couillard pour lui rappeler les engagements qu'il a pris à la conférence de Paris. Il fait valoir que la forêt agit comme un « bouclier » contre les changements climatiques.

C'est aussi un habitat vital pour le caribou forestier, une espèce menacée qui est intimement liée au mode de vie des Cris, affirme M. Happyjack.

Le porte-parole de Greenpeace, Nicolas Mainville, a pour sa part servi une mise en garde aux entreprises qui envisagent d'aller couper dans la forêt.

« Si une compagnie forestière, selon Greenpeace, s'avance dans le territoire de la Broadback, et veut faire des opérations dans ce secteur-là, nous croyons que ça va faire sourciller beaucoup les acheteurs au niveau international sur les marchés, qui connaissent le dossier de la Broadback et qui observent de façon attentive ce qui se passe sur le territoire », a-t-il prévenu.

Selon lui, la construction de routes vers la forêt Broadback n'a obtenu « aucune acceptabilité sociale ». La quasi-totalité des personnes qui ont défilé devant le COMEX se sont prononcées contre le projet.

Entente

Le gouvernement Couillard a conclu l'été dernier une entente avec le Grand conseil des Cris pour la création d'aires protégées des coupes forestières. L'accord survenait dans la foulée du bras de fer opposant les autochtones et les écologistes d'un côté, et Produits forestiers Résolu de l'autre.

La communauté Waswanipi s'est toujours opposée à l'entente. Car même si Québec s'engageait à créer une aire protégée de 5400 kilomètres carrés, le sort d'une partie importante de la forêt Broadback, située sur son territoire, restait en suspens.

Québec devait consulter la communauté Waswanipi avant de déterminer les limites du territoire à être protégé. Mais une seule rencontre a eu lieu jusqu'ici, dénonce M. Happyjack. Il craint que les entreprises forestières obtiennent l'autorisation de mener des coupes avant que le processus n'ait été jusqu'au bout.