Plus de quatre ans après qu'un tremblement de terre et un tsunami eurent provoqué un accident grave dans trois réacteurs nucléaires au Japon, le Canada poursuit la modernisation de ses centrales nucléaires afin d'éviter qu'une telle catastrophe se reproduise. Or, un observateur du secteur nucléaire chez Greenpeace remet déjà en question les réformes mises en place par ce secteur et la Commission canadienne de sûreté nucléaire, qui pourraient s'avérer insuffisantes - surtout en situation de changements climatiques.

Selon Shawn-Patrick Stensil, bien que les améliorations techniques prônées par la Commission soient satisfaisantes, les entreprises doivent aussi s'adapter à ces changements après les événements de la centrale Fukushima Daiichi.

Par exemple, lors des audiences de renouvellement du permis de la centrale de Bruce, en Ontario, l'industrie a discuté inadéquatement de la force des tornades qui pourraient survenir dans la région, a affirmé M. Stensil. Selon lui, les risques météorologiques liés aux changements climatiques ne devraient pas être minimisés.

Il a ajouté que le drame de Fukushima devrait constituer un avertissement pour considérer ces risques globalement, auprès de toutes les centrales - ce qui n'a pas encore été fait, selon lui.

Ramzi Jammal, vice-président exécutif de la Commission, a indiqué qu'elle avait annoncé l'inspection de toutes les centrales à travers le pays peu après les événements de mars 2011. Un rapport a été publié plus tard et les recommandations devront être implantées d'ici la fin de l'année.

Avant Fukushima, le secteur nucléaire se concentrait sur la conception et la prévention, mais maintenant elle est davantage axée sur la prévention et l'atténuation des accidents, selon M. Jammal.

«Nous devons nous attendre à ce qui est inattendu. Maintenant, nous nous disons que des accidents vont arriver. Nous allons donc concevoir et mettre en place des mesures d'urgence liées aux conséquences hors du site», a-t-il expliqué.

L'objectif est d'adapter ces centrales pour qu'elles deviennent complètement autosuffisantes dans n'importe quelle éventualité pendant trois à dix jours, a souligné M. Jammal. C'est-à-dire qu'elles devront elles-mêmes se ravitailler en électricité, en refroidissement à eau - et d'autres mesures de sécurité s'il survient un tremblement de terre, une tornade, une panne d'électricité et même dans le cas d'une attaque terroriste.

À la centrale nucléaire Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick, la direction a dû augmenter son nombre de génératrices diesel, qui sont passées de deux à quatre. Un nouveau bâtiment a aussi été construit pour y placer de l'équipement d'urgence et on a installé un réservoir de diesel.

Des nouveaux tuyaux et des pompes ont également été ajoutés pour y stocker des réserves d'eau et ainsi assurer un refroidissement des combustibles nucléaires.

Selon le président d'Énergie NB Gaetan Thomas, cette mise à niveau avait commencé avant les événements de 2011, alors qu'on souhaitait prolonger la durée de vie des installations pour les prochains 25 ans.

Parmi ces rénovations, les installations ont été adaptées aux secousses sismiques pour s'assurer qu'elles restent fonctionnelles après le passage d'un tremblement de terre.

M. Thomas affirme qu'ils ont considéré toutes les catastrophes qui pourraient survenir. «Quelles seraient les vagues les plus fortes qui pourraient être générées par un tsunami à Point Lepreau? Nous regardons le vent. Nous regardons les pannes de courant. Nous considérons une combinaison d'événements», a-t-il souligné.