Le Canada s'apprêterait à signer un moratoire international sur la pêche commerciale au milieu de l'océan Arctique, le temps d'en savoir plus sur le potentiel de cette ressource halieutique.

Une source au fait des négociations a confié à La Presse Canadienne que l'entente devrait être signée jeudi prochain, à Oslo.

Une porte-parole de Pêches et Océans a confirmé que le Canada participerait à une rencontre en Norvège en compagnie de représentants d'autres pays riverains afin de discuter des mesures à prendre pour lutter contre la pêche en haute mer non réglementée au milieu de l'océan Arctique. «Les résultats de ces discussions seront divulgués à l'issue de la rencontre», a simplement indiqué Carole Saindon, dans un courriel.

Dans le cadre d'une entente provisoire, en février 2014, le Canada, les États-Unis, la Russie, le Danemark et la Norvège avaient convenu qu'il était nécessaire de protéger l'océan Arctique au-delà de leurs limites territoriales respectives de 200 kilomètres - une étendue aussi vaste que la mer Méditerranée.

Le gouvernement canadien a déjà décrété l'an dernier un moratoire sur toute nouvelle pêche commerciale dans ses eaux territoriales de l'ouest de l'Arctique, le temps de mener de plus amples études. De nouvelles pêches commerciales dans la mer de Beaufort ne seront autorisées que lorsque les recherches auront démontré des surplus de stocks - et les pêcheurs inuits auront préséance pour l'obtention des nouveaux permis. Les États-Unis ont annoncé la même mesure pour leur partie de la mer de Beaufort.

Au milieu de l'Arctique, au-delà des eaux territoriales de chacun, aucune pêche commerciale n'est actuellement pratiquée, mais les glaciers fondent peu à peu, et les recherches démontrent que plus de 800 espèces de poissons au potentiel commercial migrent vers les pôles, à une vitesse de 26 kilomètres par année. Le phénomène serait particulièrement marquant dans l'Arctique.

Or, jusqu'à 40 pour cent du centre de l'océan Arctique, au-delà des eaux territoriales, serait dépourvu de glace depuis quelques étés, ce qui permettrait dorénavant - pour la première fois - la pêche industrielle dans cette vaste région.

Les cinq pays qui devraient entériner l'entente à Oslo ont reconnu la nécessité de convaincre d'autres pays de se joindre à eux - notamment de «gros pêcheurs» comme la Chine, le Japon, la Corée du Sud et les pays de l'Union européenne. La signature de l'entente aurait été reportée à cause des événements en Ukraine, impliquant la Russie. Moscou a indiqué en juin qu'elle était prête à signer l'entente internationale.

En 2012, plus de 2000 scientifiques de 67 pays - dont le quart du Canada - avaient réclamé un moratoire sur la pêche commerciale dans l'Arctique, le temps de mener des recherches approfondies sur l'état de la ressource et des écosystèmes.