C'est un signe encourageant à l'approche du Sommet de Paris sur le climat. Les émissions de gaz à effet de serre liées aux énergies fossiles ont été stables en 2014 sur la planète, alors que l'économie mondiale a crû de 3%.

C'est la première fois en 40 ans qu'on observe un tel découplage de la pollution et de l'économie, selon l'Agence internationale de l'énergie, qui a publié ces données vendredi.

«Cela me donne encore plus d'espoir que l'humanité sera capable de travailler ensemble pour combattre les changements climatiques, la plus importante menace à laquelle nous faisons face aujourd'hui», a déclaré par communiqué Fatih Birol, économiste en chef de l'AIE.

Les pays du monde ont rendez-vous l'automne prochain à Paris pour tenter de conclure un accord qui permettrait d'éviter toute perturbation dangereuse du système climatique.

À l'approche de ce sommet, les États-Unis et la Chine ont annoncé un accord bilatéral qui prévoit un plafonnement des émissions chinoises en 2030.

Maintenant, il semble que cet objectif ne soit pas hors de portée.

La consommation de charbon a baissé de 2,9% en Chine en 2014. C'est la première baisse en une décennie. L'économie chinoise a aussi connu sa plus faible croissance depuis 1990.

«L'économie de la Chine, qui est le plus gros émetteur mondial, est arrivée à maturité, explique Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal. C'est le secteur tertiaire qui s'y développe et il est moins énergivore.»

Selon l'agence Bloomberg, la Chine est aussi devenue un acteur dominant des énergies vertes. Et le charbon y occupe de moins en moins de place. La seule province du Hebei, la plus polluée du pays, a diminué sa consommation de charbon de 15 millions de tonnes et a fermé 141 mines l'an dernier.

La géopolitique joue aussi un rôle, note M. Pineau. «La Chine a commencé à devoir importer du charbon, mais sûrement qu'ils vont juger que ce n'est pas prudent de dépendre des importations, dit-il. Ils vont vouloir diminuer leur consommation.»

Énergie solaire abordable

L'essor des énergies vertes est favorisé partout dans le monde par une baisse importante des coûts de l'énergie solaire.

Dubaï a d'ailleurs lancé récemment la construction de la plus grande centrale solaire du monde. D'une puissance de 200 MW, elle vendra son électricité à 6 cents le kilowattheure, un prix qui permet de rivaliser avec les énergies fossiles.

Par ailleurs, l'Europe montre déjà depuis plusieurs années qu'il est possible de continuer de croître économiquement tout en diminuant sa pollution, voire sa consommation d'énergie, affirme Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie à Greenpeace Canada.

Et si l'année 2014 est de bon augure pour l'objectif mondial, qui est de plafonner les émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2020, le plus difficile reste à faire, selon M. Bonin. «La stagnation des émissions, c'est bien, dit-il. Même au Canada, on y est parvenu. Mais par la suite, il faut une diminution pour atteindre zéro en 2070. Pour l'instant, on se dirige toujours vers un réchauffement de 4 degrés Celsius.»