L'archevêque sud-africain Desmond Tutu affirme qu'il n'est pas venu en Alberta pour faire la leçon aux Canadiens sur le réchauffement climatique, mais il espère agir comme catalyseur du changement.

Le récipiendaire du prix Nobel de la paix a donné le coup d'envoi, vendredi, d'une conférence de deux jours à Fort McMurray sur les traités autochtones et les sables bitumineux.

Lors d'une conférence de presse dans la «capitale» albertaine de l'industrie pétrolière, l'archevêque a déclaré que le monde était assis sur un baril de poudre qui pourrait exploser si rien n'est fait pour changer le cours des choses.

«Il est bien mieux, et bien moins cher, d'être amis plutôt qu'ennemis, et je viens ici en espérant pouvoir être un facilitateur, a-t-il dit.

«Je ne viens pas comme une personne sachant tout et qui adoptera une attitude pontifiante pour vous dire quoi faire, parce que je crois que je peux pratiquement dire - sans craindre d'être contredit - que vous savez ce que vous devez faire.»

Mgr Tutu a ajouté qu'il aimerait voir les gens travailler ensemble.

«N'oubliez pas une chose. Nous sommes conçus pour former une famille.»

Durant sa visite en Alberta, Desmond Tutu doit échanger avec des représentants de l'industrie et des Premières Nations, ainsi que des leaders politiques. Il prononcera également le discours d'ouverture de l'événement, samedi.

L'homme âgé de 82 ans, qui a joué un rôle de premier plan dans la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, est connu pour ses positions tranchées sur les changements climatiques.

Il s'est également prononcé en défaveur du projet d'oléoduc Keystone XL.

Les habitants de Fort McMurray semblaient ouverts à écouter l'archevêque. Pour Melvin Campbell, un employé de Syncrude, Mgr Tutu dispose «d'un peu plus de crédibilité que les autres acteurs et joueurs du dossier des sables bitumineux», ajoutant que l'homme de foi «a beaucoup d'expérience politique et a l'écoute du public».

Plus tôt cette année, le musicien Neil Young a donné des concerts dans plusieurs villes pour soutenir la Première Nation Chipewyan de l'Athabasca après avoir visité la région. En 2010, le réalisateur hollywoodien James Cameron a effectué une tournée de la région, ainsi que de la ville de Fort Chipewyan.

Dans une lettre d'opinion publiée il y a quelques semaines dans le quotidien britannique The Guardian, l'archevêque anglican a fait valoir qu'il en allait de sa responsabilité religieuse de mener la lutte contre les changements climatiques.

«Il s'agit d'une responsabilité débutant avec Dieu commandant aux premiers humains du paradis d'entretenir et de garder le jardin d'Éden. Le garder, non pas d'en abuser ou de le détruire.»

Il a signé une pétition pour s'opposer au projet de l'oléoduc Keystone XL, qui acheminerait le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas, aux États-Unis.

Selon lui, cela ferait bondir de 30 pour cent les émissions de gaz à effet de serre du Canada.

Des représentants des gouvernements albertain et fédéral ne devraient pas assister à la conférence, bien qu'ils aient été invités, a spécifié la porte-parole de l'événement Eriel Deranger.