À cause des mises en garde de l'étude environnementale stratégique (ÉES) dévoilée vendredi dernier, il faut prolonger le moratoire dans le golfe Saint-Laurent, demandent les Iles-de-la-Madeleine.

L'ÉES examinait les risques liés à l'exploration et l'exploitation de pétrole et gaz dans les bassins du golfe du Saint-Laurent, où se trouve le gisement Old Harry, à 80 kilomètres des Iles-de-la-Madeleine.

Le maire des Iles, Joël Arsenault, n'a pas été rassuré par les constats. Parmi eux: connaissances lacunaires sur la faune et la flore, absence de plan d'intervention en cas de catastrophe, manque de connaissance technique pour le nettoyage en mer, particulièrement l'hiver, et manque d'acceptabilité sociale.

Le rapport réalisé par Génivar donne «raison à l'approche de précaution», affirme M. Arsenault.  «On ne peut jouer à l'apprenti-sorcier», prévient-il. Comme le recommande le rapport, il réclame une analyse environnementale globale, dans laquelle les cinq provinces canadiennes qui bordent ces bassins mettraient en commun leurs connaissances. Et pour l'évaluation des possibles retombées économiques, le maire demande qu'on estime l'impact sur les industries du tourisme et des pêcheries, cruciales pour les Madelinots.

La Coalition Saint-Laurent, qui regroupe des environnementalistes opposés à l'exploitation d'hydrocarbures dans le golfe, croit aussi que l'ÉES justifie qu'on maintienne le moratoire déjà en place.

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a indiqué vendredi dernier à La Presse qu'une consultation se ferait sur les données de l'étude environnementale. Elle ne s'est toutefois pas engagée à la confier au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), ce qui inquiète la Coalition.

Danielle Giroux, porte-parole du groupe, craint que la ministre Ouellet profite des consultations sur sa future politique énergétique pour «mousser l'ouverture du golfe du Saint-Laurent à l'exploration et l'exploitation pétrolière». Un des objectifs de cette politique attendue est de développer le pétrole. «La consultation, nous dit-on, vise à définir les moyens pour y arriver, ce qui semble incohérent face aux conclusions du rapport de Génivar», ajoute Mme Giroux.

La ministre Ouellet manifeste un intérêt pour explorer et peut être exploiter le gisement Old Harry. Elle a réagi à ce rapport sur les risques environnementaux en lançant un comité technique et un autre économique sur la future exploration et exploitation. La prédécesseure libérale de Mme Ouellet, Nathalie Normandeau, avait aussi songé à lever le moratoire.