Philippe Couillard martelait le même message depuis des jours : la course est serrée, allez voter. Son appel au ralliement s'est toutefois soldé par un cuisant échec, lundi. Après un seul mandat, les Québécois lui ont montré la porte.

« Il est clair qu'à titre de chef de notre parti, je dois accepter la responsabilité [du résultat électoral]. Je devrai donc entreprendre une réflexion sur mon avenir personnel. Afin de réduire la durée de l'instabilité qui en résultera, cette réflexion sera courte », a affirmé M. Couillard, lundi, devant un nombre restreint de militants réunis à l'Hôtel du jardin, à Saint-Félicien.

« Je veux féliciter M. Legault pour sa victoire qui est nette, sans ambiguïté. Les Québécois ont clairement indiqué un désir de changement. Il lui revient maintenant avec son équipe de poursuivre l'élan du Québec », a ajouté le chef libéral dans un discours bilingue où il a amplement défendu son bilan.

« En quatre ans, nous avons redonné au Québec la liberté de choix. Les progrès que nous avons accomplis sont remarquables. On s'en souviendra. [...] On a fait ce qu'il fallait faire. On a jeté les bases pour faire du Québec un Québec plus prospère, plus juste et plus vert », a-t-il ensuite vivement défendu.

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La commotion

À Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, la salle du rassemblement libéral était pratiquement vide quand les deux principaux réseaux de télévision ont annoncé tôt en soirée, lundi, une victoire décisive de la Coalition avenir Québec (CAQ).

« Il y a un seul mot qui explique cela : le changement », a déclaré à La Presse une militante émue, mais peu surprise de la défaite de son parti.

D'autres militants rencontrés ont affirmé que les Québécois ne voulaient plus pour l'instant d'un parti qui a gouverné de façon quasi ininterrompue la province au cours des 15 dernières années.

Après avoir concédé la victoire sur Twitter, Philippe Couillard n'a pas tardé à venir parler à ses militants, lundi. La foule peu nombreuse l'a chaudement accueilli et l'a ensuite écouté patiemment, en silence.

Peu après 22 h, la salle s'est entièrement vidée.

Plusieurs ministres battus

Plusieurs ministres ont perdu leur siège, lundi, à commencer par Pierre Moreau. Député de Châteauguay, l'homme que plusieurs voyaient comme un successeur potentiel à Philippe Couillard a été battu par la caquiste Marie-Chantal Chassé. La circonscription était acquise au Parti libéral depuis 1985.

À Québec, les libéraux ont perdu leurs assises. Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, est le seul libéral à garder son siège. La ministre déléguée aux Transports, Véronyque Tremblay, a quant à elle perdu dans Chauveau, tout comme son collègue François Blais, ministre de l'Emploi, catapulté hors de Charlesbourg.

La libérale Gertrude Bourdon, que s'étaient disputée la CAQ et le PLQ pour qu'elle soit leur candidate, a finalement été battue dans la circonscription de Jean-Lesage, à Québec. C'est Sol Zanetti, de Québec solidaire, qui a ravi de peu cette circonscription aux libéraux, suivi de près par la caquiste Christiane Gamache.

En Abitibi-Témiscamingue, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, a pour sa part été chassé hors de sa circonscription, finissant la soirée en quatrième position.

En Estrie, le ministre de la Famille, Luc Fortin, a perdu sa bataille pour conserver la circonscription de Sherbrooke. La candidate solidaire, Christine Labrie, a été élue. Puis dans Soulanges, en Montérégie, une autre ministre est tombée au combat. La ministre déléguée à la Santé publique et responsable du dossier du cannabis, Lucie Charlebois, a perdu son siège aux mains de la CAQ.

En Outaouais, un territoire traditionnellement acquis aux libéraux, la CAQ a fait une percée historique, lundi. Le PLQ a conservé Hull et Pontiac, mais a perdu les circonscriptions de Chapleau, Papineau et Gatineau. Dans cette dernière circonscription, le revers est majeur : la dernière fois que les citoyens ont élu une autre formation que le Parti libéral, c'était en 1960, avec l'Union nationale.

En Montérégie, la région est passée aux mains de la CAQ, lundi, sauf dans Laporte et La Pinière, où Nicole Ménard et Gaétan Barrette ont été réélus.