Des citoyens du Bas-Saint-Laurent opposés au prolongement de l'autoroute 20 entre Trois-Pistoles et Le Bic ont fait une sortie mardi matin pour dénoncer ce projet routier soutenu par les quatre principaux partis politiques.

« On trouve qu'à l'heure de l'urgence climatique, de mettre de l'argent dans l'asphalte, dans une autoroute comme ça, c'est tout à fait ridicule, c'est insensé », a expliqué le militant écologiste Mikaël Rioux, du groupe Le pont de la 20, ça tient pas debout.

À l'heure actuelle, l'autoroute 20 arrête à Trois-Pistoles pour reprendre au Bic, jusqu'à Mont-Joli. Les automobilistes doivent donc emprunter la route 132 sur une quarantaine de kilomètres.

Le prolongement nécessiterait la construction d'un nouveau pont au-dessus de la rivière Trois-Pistoles, ce qui inquiète les opposants. « Tadoussac n'a même pas de pont, et nous on a un pont qui fonctionne très bien et il faudrait en construire un autre ? Demande Mikaël Rioux. Ce pont-là est évalué à 200, 300 millions. Ce n'est pas rien. »

M. Rioux, qui a participé mardi matin à une conférence de presse à Trois-Pistoles, pense que la 132 pourrait être élargie à certains endroits, que certaines courbes dangereuses pourraient être sécurisées et des voies de contournement ajoutées à Saint-Simon et Saint-Fabien.

« L'argent économisé pourrait aller dans un Fond d'urgence climatique, lance Rioux. Ça pourrait servir en cas d'urgence, parce qu'il va y avoir une explosion des coûts liés aux tempêtes sur la côte est. 

« Un consensus régional »

Le prolongement de l'autoroute 20 fait l'objet « d'un consensus régional » dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, selon la Chambre de commerce de Rimouski-Neigette.

« L'enjeu principal en est un de sécurité publique. On a un taux d'accidents assez élevé avec l'accès à la 132 qui est rendue un peu désuète », explique Mathieu Duchesne, vice-président de la Chambre de commerce.

« On a aussi un enjeu de développement économique. C'est l'accès routier à tout l'est du Québec. C'est important qu'il y ait de la fluidité. Quand les entrepreneurs regardent pour investir, c'est important la fluidité des transports », dit-il.

Le prolongement est aussi soutenu par les quatre principaux partis. Le premier ministre sortant a promis en avril dernier, s'il était réélu, d'inscrire le projet au Plan québécois des infrastructures dès la première année d'un mandat libéral. Le Parti québécois milite en faveur de ce projet depuis des années et François Legault a indiqué qu'il était en faveur également.

En août dernier, après des débats en interne, Québec solidaire a aussi pris position pour le prolongement. Cette prise de position de QS tranche avec celle prise par le parti de gauche à Québec contre un troisième lien.

Bâtir davantage d'autoroutes est une « vieille idée » des « vieux partis », disait Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de QS, récemment.

« On a décidé de faire un compromis pour être réaliste avec les besoins régionaux », disait récemment Carol-Ann Kack, candidate de Québec solidaire dans Rimouski, selon Radio-Canada.

« La prise de position de QS nous a surpris un peu. C'est complètement contradictoire que QS à Québec se prononce contre le 3e lien et qu'ici ils se disent en faveur de l'autoroute. C'est du pur clientélisme », dénonce Mikaël Rioux.

Mardi matin, sur sa page Facebook, le groupe Le pont de la 20, ça tient pas debout a diffusé une vidéo en direct de la circulation sur la route 132. On y voit des voitures circuler sans aucune congestion.

« La route est tout le temps fluide sauf durant les vacances de la construction, prétend M. Rioux. L'été, près de la fromagerie des Basques, ça bouche un peu à parce que les gens raffolent des crottes de fromage. »