Québec a débloqué samedi une aide d'urgence d'un million de dollars pour les victimes de la tornade de Gatineau, alors que les chefs des quatre principaux partis ont suspendu leur campagne pour se rendre sur place et démontrer leur solidarité.

Les chefs du Parti libéral, Philippe Couillard, et du Parti québécois, Jean-François Lisée, ont tenu un point de presse aux côtés du maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, afin d'exprimer leur soutien aux victimes des forts vents qui ont fait plusieurs blessés et forcé des centaines de personnes à quitter leur résidence. Quelques heures plus tard, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, et la co-porte-parole de Québec Solidaire, Manon Massé, ont fait le même exercice en compagnie de M. Pedneaud-Jobin.

Rue Daniel-Johnson, dans le quartier Mont-Bleu, des bardeaux d'asphalte, de la mousse isolante, des planches et de la vitre éclatée jonchaient le sol, samedi matin. Le vent violent avait arraché des toitures entières la veille. Plusieurs voitures étaient bosselées et couvertes de débris.

C'est devant cette scène de désolation que MM Couillard et Lisée ont pris la parole. Le chef libéral s'est dit ému devant le spectacle, d'autant plus que de nombreuses personnes au revenu modeste habitent les immeubles du secteur.

« Regardez ces gens (...) qui sont d'origine plus modeste, de niveau économique plus modeste que d'autres, qui sont frappés brutalement, a-t-il indiqué. Ils sont obligés de quitter, de tout laisser derrière eux, ils sont dans l'incertitude complète. »

« Notre présence montre que malgré la campagne électorale, malgré les débats, les Québécois sont toujours unis face à la difficulté, a expliqué M. Lisée. Si ça augmente le nombre de dons à la Croix-Rouge, on aura fait notre travail. »

L'aide d'urgence totalisera un million, a annoncé M. Couillard. Elle sera versée à la Croix-Rouge, qui l'utilisera au gré des besoins des sinistrés. Une enveloppe supplémentaire pourrait être débloquée si nécessaire, selon le chef libéral. Le maire a salué la décision qui, selon lui, permettra à la Croix-Rouge de prolonger la durée de son intervention qui se limite d'habitude à 72 heures.

La tornade d'hier est une catastrophe « de catégorie climatique », a convenu M. Couillard. Il n'a toutefois pas voulu engager un débat sur cet enjeu avec ses adversaires, affirmant ne pas vouloir faire de politique partisane pendant sa présence à Gatineau.

Le chef péquiste, Jean-François Lisée, a abondé dans le même sens. « À chaque fois qu'on a un événement catastrophique comme celui-là, ça nous rappelle concrètement qu'il y a un danger climatique dans lequel nous sommes entrés, a indiqué M. Lisée. Alors si ça invite les électeurs à regarder plus attentivement le programme de chaque parti et de comparer, alors tant mieux. Mais aujourd'hui, notre présence est de dire notre solidarité aux gens qui ont été frappés par une tornade. »

Manon Massé et François Legault ont eux aussi abordé le sujet lors de leur point de presse conjoint devant des HLM dont les toits ont été soufflés ou lourdement endommagés. « Avec les changements climatiques, je pense que c'est clair qu'il va y en avoir de plus en plus » de catastrophe naturelle de ce genre, a indiqué le chef caquiste, accusé par ses adversaires de ne pas parler d'environnement durant la campagne.

Le maire a relevé qu'en 18 mois, en plus de la tornade, Gatineau a subi deux épisodes de pluies diluviennes parmi les plus importants des 90 dernières années, mais aussi les « pires inondations depuis qu'on a des statistiques ». « On a souffert beaucoup, on continue de souffrir, et une des sources principales de ça, c'est clair que c'est les changements climatiques, a-t-il affirmé. « Je ne veux pas m'impliquer dans la campagne, mais j'espère que ces événements vont faire que ce sujet-là va être traité encore plus avant, pendant et après les élections. (...) Les changements climatiques font que nos moyens de réponse doivent changer, nos infrastructures doivent changer et les programmes d'aide aux citoyens doivent changer aussi. »

S'il est élu, François Legault entend améliorer les programmes d'aide. « Il faudrait peut-être dessiner un programme un peu plus permanent quand arrivent des événements comme ça graves pour qu'on puisse rassurer les gens », en particulier ceux qui ne sont pas couverts par des assurances, a-t-il affirmé. Un tel programme devrait permettre aux sinistrés de savoir rapidement « ce que le gouvernement du Québec peut leur offrir, quelles sont les limites par personne, quels sont les pourcentages de remboursement qui sont donnés », a-t-il plaidé.

Manon Massé a fait valoir quant à elle la nécessité « d'adapter les programmes aux réalités dues aux changements climatiques ».

Tous les chefs ont rencontré les membres de la direction de l'école secondaire Mont-Bleu qui a été frappée par la tornade. Le directeur général de la commission scolaire a indiqué que l'établissement resterait fermé probablement quelques mois en raison de l'ampleur des dommages. Les 1400 élèves devront donc fréquenter d'autres écoles, dont les horaires seraient probablement réaménagés pour mener à bien l'opération.

Le maire Pedneaud-Jobin s'est réjoui de la venue des leaders politiques, même si plusieurs résidents du quartier ont critiqué leur présence pendant les opérations de nettoyage. « Cette solidarité-là de l'ensemble des Québécois qu'on voit par leur présence pour moi est très importante. Même symboliquement, en pleine campagne électorale, c'est encore plus important de le faire pour savoir qu'on est capable de s'élever au-dessus de nos différences, et ils en ont, pour s'occuper du monde qui a besoin d'aide. » Il a signalé que les trois quarts des sinistrés hébergés au cégep de l'Outaouais pourraient rentrer à la maison samedi soir.