Philippe Couillard pense qu'il est possible de nourrir un adulte et deux adolescents avec une facture d'épicerie de moins de 75$ par semaine. «Par contre, les menus ne seront pas très variés et on sera pas mal sur le végétal», a-t-il dit jeudi à la station de radio Énergie.

Questionné sur une multitude de sujets dans une entrevue où son temps de réponse était limité, le chef libéral a dit partager l'avis de François Lambert, l'homme d'affaires qui a lancé un débat en mars dernier en affirmant pouvoir nourrir sa famille pour 50,61$ par semaine.

«Je sais que ça coûte plusieurs centaines de dollars pour la majorité des gens (...). On peut toujours baisser les budgets, comprimer et se serrer la ceinture dans nos familles, mais ce n'est pas ça la question. C'est comment [augmenter] le niveau de vie de tout le monde», a précisé M. Couillard dans une mêlée de presse qui a suivi son allocution à la Fédération québécoise des municipalités (FQM), jeudi. 

Le premier ministre sortant maintient toutefois sa réponse du matin. Il est possible de faire une épicerie familiale pour moins de 75$ par semaine, mais «c'est très, très, très difficile, surtout pour des adolescents en croissance.» 

«C'est pour ça qu'on veut augmenter le revenu disponible des gens. C'est pour ça qu'on a baissé les impôts», a-t-il dit. 

De son côté, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, n'a pas voulu se prononcer sur le sujet. 

«Des fois, j'achète pour six, et là c'est 300$. Des fois, j'achète pour deux et là c'est 100$. Et des fois je vais au restaurant. Alors j'avoue que ma vie familiale n'est pas assez régulière pour [me prononcer]. Mais je peux vous dire qu'une douzaine d'oeufs c'est 2,40$ et un deux litres de lait, c'est 3,40$», a-t-il dit. 

«Bin voyons donc. Comment peut-on aspirer à gouverner le Québec quand on est déconnecté de même de la vie des gens pour penser que 75$ par semaine c'est suffisant pour nourrir une famille?», s'est pour sa part questionnée Manon Massé de Québec solidaire. 

Retour sur le débat

En mars dernier, le Journal de Montréal a publié un article dans lequel une famille avec deux enfants avait tenté de vivre pendant un mois avec le salaire minimum.

Grâce à une cuisine collective, aux services d'une banque alimentaire et des repas fournis à l'occasion par les écoles, le couple avait dépensé en moyenne 52$ par semaine par personne. 

«Je n'ai jamais fait une épicerie de 210$. Ça ne m'a jamais coûté ça et je ne suis pas un débile», avait ensuite affirmé François Lambert sur les ondes de LCN, faisant suite à une publication sur les réseaux sociaux où il affichait une facture d'épicerie de 50,61$.   

Des mesures pour combattre la pauvreté  

Contrairement à Manon Massé de Québec solidaire et à Jean-François Lisée du Parti québécois, Philippe Couillard ne promet pas d'augmenter le salaire minimum à 15$ de l'heure. 

«Les économistes s'entendent pour dire que dans l'économie actuelle, il y a un fort risque de pertes d'emplois en faisant ce mouvement immédiat. De perdre des emplois pour les jeunes dans la restauration. Les économistes le disent et c'est démontré. On vise 50% du salaire moyen», vise-t-il plutôt. 

Et des baisses d'impôts, pour remettre de l'argent dans les poches des familles? Pas avant d'assurer le maintien et la qualité des services publics actuels, a répondu M. Couillard en mêlée de presse, jeudi.

Alors que se déroule en soirée le dernier débat des chefs de la campagne à TVA, le chef du Parti libéral - tout comme ses adversaires - n'a pas d'activités publiques au cours de l'après-midi. 

Toutefois, devant les réactions que suscite l'affirmation qu'il a faite en matinée sur Énergie, le compte Twitter de M. Couillard a publié en après-midi : «Malheureusement, des familles vivent avec 75$/semaine pour faire l'épicerie. C'est pour que nos familles les plus vulnérables n'aient plus à vivre cette situation que nous avons mis en place le plus ambitieux plan de lutte contre la pauvreté de l'histoire du Québec.»