Des élus montréalais invitent les chefs des quatre principaux partis provinciaux à s'engager à hausser les taxes sur les cigarettes au lendemain des élections. Ils réclament aussi une augmentation à 21 ans l'âge minimum pour acheter des produits du tabac.

L'élu Marvin Rotrand présentera une nouvelle motion sur la lutte au tabagisme lors du conseil municipal de lundi et mardi prochains. Si sa proposition est débattue à l'hôtel de ville de Montréal, le conseiller municipal espère en réalité que la question rebondira dans la campagne électorale.

À 29,80 $ par cartouche de 200 cigarettes, les taxes québécoises sont les plus faibles au Canada. Elles s'élèvent à 47,93 $ en Ontario et jusqu'à 67,43 $ au Manitoba. « Les gens pensent que les taxes sont plus élevées qu'ailleurs, mais c'est faux », a souligné Kevin Bilodeau, directeur québécois des relations gouvernementales à la Fondation des maladies du coeur et l'AVC. Son organisation, comme plusieurs organismes voués à la lutte au tabagisme, a décidé d'appuyer la motion du conseiller Rotrand, soulignant que le tabac est responsable d'environ 30 % des décès liés au cancer.

De 18 à 21 ans

Au-delà d'une hausse de taxes, la motion réclame que l'âge minimal pour acheter des produits du tabac passe de 18 à 21 ans. Il s'inspire ainsi d'une campagne lancée aux États-Unis, Tobacco 21, qui a convaincu 340 municipalités de hausser l'âge minimum pour acheter des produits du tabac. L'élu estime qu'une telle mesure pourrait contribuer à diminuer le tabagisme chez les jeunes.

À ceux qui pourraient trouver paradoxal d'avoir le droit de vote à 18 ans, mais pas d'acheter du tabac, la directrice de Tobacco 21, Katherine Ungar, répond que « voter ne finit pas par te tuer ».

Mais à l'aube de la légalisation du cannabis le 17 octobre, ne serait-il pas paradoxal de pouvoir acheter de la marijuana à 18 ans, mais pas du tabac ? « Je dois avouer être d'accord avec la position de François Legault [chef de la CAQ] et que l'âge minimum devrait être de 21 ans. Je ne veux pas que le pot serve à normaliser le fait de fumer », a commenté Marvin Rotrand.

Sauver des vies

Bien que les élus municipaux n'aient pas de pouvoirs en matière de santé, Marvin Rotrand estime qu'un tel débat à l'hôtel de ville importe malgré tout. « Si on adopte cette motion, on va sauver des vies », estime le conseiller de Snowdon.

Marvin Rotrand est sûr que sa proposition sera adoptée. La motion a reçu l'appui de l'opposition officielle. La mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, était d'ailleurs à ses côtés pour marquer sa solidarité.

Marvin Rotrand a profité de sa conférence de presse pour inviter la minorité d'élus montréalais qui fume à mettre fin à sa relation avec le tabac d'ici 6 mois.