Le candidat caquiste Christian Dubé et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), dont il était jusqu'à tout récemment vice-président, se défendent d'avoir été au coeur d'un conflit d'intérêts impliquant la conjointe de M. Dubé, mais le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) ne veulent rien entendre.

Le Journal de Montréal a révélé que cette dernière, Josée Perreault, qui a été tour à tour actionnaire et administratrice de la compagnie Lumenpulse, a réalisé un profit de 58 000 dollars lorsque la société a été privatisée alors que la Caisse en était aussi actionnaire.

M. Dubé a fait une sortie en règle sur sa page Facebook, accusant « des gens mal intentionnés » d'essayer de le « salir en impliquant [sa conjointe], insinuant un conflit d'intérêts ».

Il affirme avoir déclaré ses conflits d'intérêts potentiels dès son arrivée à la Caisse et que « toutes les règles ont été respectées ». Il ajoute que, même s'il siégeait au Comité d'investissement, la prise de participation initiale de la Caisse dans l'entreprise est intervenue avant son arrivée et que toute transaction a été faite sans qu'il n'intervienne « d'aucune façon ».

Il conclut en reconnaissant que « le débat politique peut être rude, et les coups bas en font malheureusement partie. Mais [qu'il] y a une ligne à ne pas franchir ». Et il termine en demandant de « laisser nos familles tranquilles ».

La Caisse n'a pas été consultée

En entrevue avec La Presse canadienne, le directeur des communications de la Caisse, Maxime Chagnon, a confirmé que le premier investissement de l'institution dans Lumenpulse était survenu en avril 2014, soit avant l'arrivée de M. Dubé, qui est entré en fonction le 15 septembre 2014.

Il a ajouté que, par la suite, « la nomination de Mme Perreault comme administratrice de Lumenpulse en septembre 2015 a été faite sans l'implication de la Caisse, sans qu'on soit informés préalablement de sa mise en candidature ».

Plus tard, lorsque la société a été privatisée en 2017, « jamais la Caisse n'a été approchée pour participer à la fermeture du capital par le consortium d'investisseurs. On n'a pas été consultés ni informés de cette transaction avant son annonce publique aux marchés », a ajouté M. Chagnon.

Quant aux achats ou ventes d'actions par la Caisse entre avril 2014 et la privatisation de l'entreprise en 2017, qui auraient été soumises au Comité d'investissement, dont était membre M. Dubé, ce dernier a assuré au Journal de Montréal s'être retiré des décisions d'investissement touchant Lumenpulse, mais ne pas se souvenir s'il s'était retiré de toutes les réunions touchant ce dossier. De son côté, M. Chagnon a fait valoir que « ce n'est pas une seule personne qui décidera. [...] Ni M. Dubé ni aucun membre de ce comité ne pouvaient prendre de décision seuls. »

Le PQ et QS passent à l'attaque

Le chef péquiste Jean-François Lisée a qualifié l'affaire de « possibilité de conflit d'intérêts flagrant ».

Il réclame de la Caisse « qu'elle rende publiques les parties de tous les procès-verbaux où ce sujet-là a été discuté », faisant valoir que « ce sont les procès-verbaux qui indiquent si M. Dubé s'est retiré ou non de la conversation, et on a besoin de cette information-là pour juger de l'éthique du candidat-vedette de la CAQ ».

« On veut les preuves. Je veux juger sur les textes », a martelé le chef péquiste alors qu'il présentait son cadre financier et se préparait en vue du débat de ce soir.

De son côté, rejoint dans l'autobus alors qu'il se trouvait à Rimouski, le porte-parole de QS Gabriel Nadeau-Dubois n'a pas fait dans la nuance, affirmant que, « après avoir été empêtré 15 ans dans des scandales éthiques libéraux, le risque est grand qu'on soit dorénavant empêtré dans des scandales éthiques caquistes ».

« C'est assez impressionnant de voir la vitesse à laquelle les remises en question éthiques apparaissent du côté de la CAQ », s'est-il empressé d'ajouter.

M. Nadeau-Dubois ne s'est pas gêné pour écarter les démentis de la Caisse : « Je pense qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Ce n'est pas pour rien que la CAQ a des problèmes éthiques comme celui-là. »

« L'impression qui se dégage de plus en plus, c'est que, pour un parti qui prétendait laver plus blanc que blanc dans les dernières années, la CAQ a son lot de problèmes en matière éthique », a-t-il conclu.