Le gouvernement élu au scrutin du 1er octobre prochain devra accepter de « relever le défi » de revoir « totalement » la relation politique qui existe entre le gouvernement et celui des nations autochtones, prévient l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) dans une lettre adressée aux chefs des formations politiques.

« Je tiens à être très clair : la relation politique de gouvernement à gouvernement entre les Premières Nations et la province de Québec est totalement à revoir », écrit sans détour le chef de l'APNQL, Ghislain Picard. « Jusqu'à maintenant, il a été trop facile pour les gouvernements qui se sont succédé [...] de faire la sourde oreille ou de regarder ailleurs. »

Dans sa missive, l'APNQL dresse une liste de préoccupations regroupées autour de cinq grands thèmes allant du « droit à la sécurité » au « respect intégral » des droits ancestraux. L'APNQL s'attend à du « courage politique » qu'elle dit « trop souvent absent » pour notamment mettre en place des « actions concrètes » vers « une véritable réconciliation ».

Elle réclame également « une participation significative » des Premières Nations dans le développement de « leur » économie, du territoire et des ressources.

Pour Ghislain Picard, il est temps que les partis politiques se libèrent « du réflexe de la responsabilité fédérale », a-t-il expliqué en entrevue avec La Presse.

« Il n'y a jamais eu, de mémoire, une campagne provinciale qui a vraiment placé les enjeux autochtones au coeur du positionnement des partis. C'est malheureusement un constat assez triste. » - Ghislain Picard

« Nos revendications ne sont pas nouvelles », écrit d'ailleurs M. Picard. « Nous les mettons de l'avant depuis toujours, peut-être trop discrètement, peut-être trop poliment », admet-il. Mais la réponse du prochain gouvernement à leurs « attentes légitimes » pourrait « constituer une base suffisante pour une nouvelle relation politique », poursuit le chef.

L'APNQL demande notamment que l'Assemblée nationale adopte « à court terme » un projet de loi qui inscrira la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones comme « guide » et « cadre permanent », à l'instar du projet de loi fédéral C-262 porté par le député Romeo Saganash. Québec doit faire le même geste, maintient le chef Picard.

Le gouvernement du Québec « ne peut plus se cacher derrière le gouvernement fédéral pour échapper à ses obligations », écrit-il. Pour l'APNQL, Québec doit « exercer un rôle de premier plan pour assurer les conditions gagnantes pour une coexistence harmonieuse entre les membres des Premières Nations et la société québécoise ».

ENGAGEMENTS « CONCRETS »

L'APNQL affirme qu'elle ne se « contentera » plus de « réponses évasives » de la province et exigera « une rencontre formelle » avec le futur gouvernement dès les 100 premiers jours du mandat. En tête de liste, l'assemblée, qui regroupe 43 communautés au Québec, réclame que la « sécurité publique devienne une priorité ».

Et cette revendication passe par la reconnaissance des services policiers autochtones, qui souffrent de sous-financement, clame Ghislain Picard. « On ne peut pas affirmer que nos services policiers sont considérés comme essentiels comme ceux de la Sûreté du Québec », lance-t-il, promettant « d'insister » sur cet enjeu dans le contexte de la légalisation du cannabis.

D'ailleurs, l'administration des services publics est une vive préoccupation pour l'APNQL. Elle espère que le prochain gouvernement « donnera toute l'attention nécessaire » au rapport que produira la commission Viens, de même qu'il « doit répondre aux appels » de la Commission de vérité et réconciliation.