Le stationnement serait gratuit ou limité à 7 $ par jour dans les établissements de santé si les libéraux sont réélus, promet Philippe Couillard, dont le gouvernement avait pourtant essuyé sans broncher les critiques de la Coalition avenir Québec au sujet des « tickets de Barrette ». Le chef libéral va même jusqu'à augmenter la mise avec une promesse un peu plus généreuse que celle du parti de François Legault.

Son engagement se chiffre à 100 millions de dollars par année, une compensation qui serait versée aux établissements. Ils font des surplus d'environ 70 millions par année avec leur stationnement et versent bien souvent la cagnotte à leur fondation.

Selon la promesse du chef libéral, les visiteurs des personnes hébergées en CHSLD pourraient stationner leur auto gratuitement.

Dans le cas des hôpitaux, le stationnement serait sans frais pour les patients atteints d'une maladie chronique ou ayant besoin de traitements réguliers (hémodialyse, par exemple). Les deux premières heures seraient gratuites pour les autres. Et le tarif serait limité à 7 $ par jour. Là où le prix est de moins de 7 $ à l'heure actuelle, il ne pourrait y avoir augmentation pour atteindre le plafond, indique le PLQ.

Philippe Couillard a fait son annonce samedi dans le stationnement de la Cité de la santé de Laval, où le tarif est de 13 $ par jour. La tarification actuelle est « une barrière relative » aux soins, a-t-il plaidé, ajoutant que sa promesse permet « d'améliorer l'accès » aux services et de « soulager le fardeau des malades », voire de « briser l'isolement » des aînés en CHSLD. Ce discours tranche avec celui adopté par son gouvernement au cours du dernier mandat.

Par exemple, Gaétan Barrette a déjà qualifié d'« acceptable » la grille tarifaire du Centre hospitalier universitaire de Québec - dont la PDG était Gertrude Bourdon, aujourd'hui candidate libérale : 16 $ par jour (atteint au bout de quatre heures) et gratuité pour les 30 premières minutes.  

La CAQ a talonné le gouvernement dans ce dossier, lui reprochant une tarification « injuste et abusive ». Le parti de François Legault avait même créé un site web pour dénoncer les « tickets de Barrette ».

« 24 $ par jour dans 6 hôpitaux de Montréal et 10 $ ou plus par jour dans 30 hôpitaux du Québec : voilà les tarifs quotidiens tolérés par le gouvernement libéral en date du mois de mars 2018 », dénonçait le porte-parole en matière de santé François Paradis. Il précisait alors qu'un gouvernement caquiste rendrait le stationnement gratuit pour les deux premières heures et imposerait un plafond maximum de 7 $ à 10 $ par jour dans les établissements où les tarifs journaliers sont déjà supérieurs à ces montants.

Gaétan Barrette avait balayé les critiques de son vis-à-vis. « Je vais dire, M. le Président, à tout le public québécois que, lorsque la CAQ se lève pour faire certaines critiques, bien, que la population se rappelle que la CAQ est un parti, comme je l'ai dit récemment, de droite. Et un parti de droite, c'est un parti comptable. Et j'aimerais bien que le député de Lévis se lève, une fois de temps en temps, pour nous dire comment lui va gérer les dépenses en santé parce que là où nous emmène le député de Lévis, c'est très simple, M. le Président : un jour, il y aura à faire un choix entre une tarification de certains stationnements et les soins prodigués aux citoyens. Nous, on met le focus spécifiquement et précisément sur les soins à donner aux patients dans le cadre budgétaire qui est le nôtre », ajoutait le ministre.

Il renchérissait : « La CAQ est-elle capable de prendre l'intérêt des soins en premier plutôt que de faire de la politique purement partisane ? »

Philippe Couillard a répondu aux journalistes samedi que sa promesse ne se fait « pas aux dépens des soins », que les surplus ont d'abord servi à mieux financer les services. Il a fait valoir que « les marges de manoeuvre » financières, comme le veut son expression fétiche, sont maintenant suffisantes pour réduire la tarification. « La différence avec la CAQ, c'est qu'on parle avec la certitude des moyens financiers déployés », a-t-il dit.

Gaétan Barrette avait accusé la CAQ d'avoir un « certain manque se profondeur (dans sa) réflexion », soulignant que les automobilistes allaient se précipiter au stationnement du CHUM s'il devenait gratuit et que les patients n'allaient plus y trouver de place. Or Philippe Couillard a répondu samedi qu'il est « simple » de faire des vérifications pour éviter cette situation.

L'an dernier, au Salon bleu, Gaétan Barrette rappelait avoir émis une directive aux établissements, chargés d'autofinancer le service de stationnement, visant à ce que la tarification soit « progressive » et adaptée « à la situation clinique des gens ». « Nous avons répondu aux critiques », disait-il. Il soulignait que la tarification relève des établissements et non du gouvernement.

Philippe Couillard s'est défendu de verser dans l'électoralisme ou encore de contribuer au cynisme en adoptant une nouvelle position en campagne électorale. « Ce qui alimente le cynisme, c'est de prendre des engagements qu'on ne peut pas financer. Ce qui alimente le cynisme, c'est se faire critiquer pendant quatre ans parce qu'on fait le travail essentiel de rétablir l'équilibre budgétaire du Québec. Ce qui alimente le cynisme, c'est de se faire critiquer pendant quatre ans alors qu'on assiste à la plus grande relance économique du Québec au cours des dernières années », a-t-il déclaré.