Le système d'immigration actuel présente une menace à l'identité québécoise, a prévenu François Legault, jeudi. Si bien qu'il y a «un risque que nos petits-enfants ne parlent plus français».

Le chef caquiste promet de réduire à 40 000 le nombre d'immigrants qui arrivent au Québec dès l'an prochain, une baisse d'environ 20%. Il souhaite aussi obtenir le contrôle du programme de réunification familiale.

Ce programme fédéral vise à ce qu'une personne déjà admise au Québec puisse faire venir ici d'autres membres de sa famille en parrainant leur demande, sous certaines conditions. Dans sa forme actuelle, ce programme pose une menace à l'identité québécoise, a dit M. Legault. Car il ne pose aucune exigence quant à l'apprentissage du français.

«Il y a un risque, effectivement, a-t-il affirmé. Le français au Québec sera toujours vulnérable. C'est la responsabilité du premier ministre du Québec de protéger la nation, de protéger le français au Québec.»

Invité à préciser sa pensée, il a dit craindre «que nos petits-enfants ne parlent plus français».

M. Legault reproche aussi au gouvernement Couillard de ne pas poser d'exigences assez strictes envers les nouveaux arrivants quant à l'apprentissage du français.

Le chef caquiste martèle que le quart des immigrants qui s'établissent au Québec finissent par quitter la province. Il souhaite «en prendre moins, mais en prendre soin».

Au cours des deux derniers jours, M. Legault a fourni une série de nouvelles précisions sur le programme d'un éventuel gouvernement de la CAQ en matière d'immigration.

Il a d'abord confirmé qu'il réduira les seuils d'immigration à 40 000 personnes dès l'an prochain.

Il a ensuite indiqué vouloir réduire de manière proportionnelle les trois grandes catégories d'immigrants, soit les immigrants économiques, les réfugiés et ceux du programme de réunification.

Puis, jeudi matin, il a révélé qu'il sera plus «souple» dans ses exigences envers certains immigrants plus âgés.

Cette sortie lui a valu de vives critiques du chef libéral, Philippe Couillard, qui l'a accusé jeudi de vouloir «briser des familles».

«Tout croche»

Dans un rassemblement pour les 20 ans des «shops» Angus, dans le quartier Rosemont à Montréal, la candidate de la CAQ dans Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, s'est dite moins inquiète que son chef pour l'avenir du français au Québec.  

«Non, je n'ai pas peur. Je pense que le français va toujours perdurer au Québec. C'est notre langue et on en est fier», a dit Mme Rouleau jeudi soir. 

«Je pense qu'il est sage de penser que les immigrants apprennent le français et qu'on leur donne les bons outils pour l'apprendre. C'est ça qu'on veut faire», a-t-elle poursuivi. 

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, croit pour sa part que François Legault parle d'immigration de façon «tout croche».  

«C'est incroyable ce qu'il a dit, que l'immigration est un danger pour la langue française. Il veut faire entrer 40 000 immigrants par année qui ne parlent pas français!», s'est-il exclamé, lui aussi présent au même rassemblement que Mme Rouleau.  

«Il fait ça tout croche. (...) Ses propositions sont dangereuses pour le français», a tranché M. Lisée. 

- Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse