Un éventuel gouvernement de la Coalition avenir Québec réduira dès la première année de son mandat le nombre d'immigrants de 20 %, a confirmé l'entourage de François Legault, mercredi. Une précision qui est survenue après qu'une candidate eut indiqué qu'il faut baisser ce seuil « graduellement ».

M. Legault a visité une production maraîchère en serre à Sainte-Clotilde-de-Châteauguay, en Montérégie. Sur les 250 employés de l'entreprise, 170 sont d'origine étrangère. Il s'agit pour la plupart de travailleurs étrangers temporaires.

Dans cette région agricole, l'immigration est un enjeu important, a convenu la candidate caquiste dans Huntington, Claire IsaBelle. Car plusieurs entreprises agricoles peinent à trouver des employés.

« On n'a pas cette pénurie de main-d'oeuvre quand on va chercher les étrangers, la population immigrante, la main-d'oeuvre immigrante, a expliqué Mme IsaBelle. Ils nous aident beaucoup. Il faut considérer qu'ils sont essentiels. »

Or, la CAQ propose de réduire de 50 000 à 40 000 le nombre d'immigrants admis chaque année au Québec. Questionnée à savoir si cette proposition est compatible avec les besoins des agriculteurs, la candidate a indiqué que la mesure n'entrera pas en vigueur immédiatement.

« On ne va probablement pas baisser à 40 000 tout de suite, la première année qu'on est au pouvoir, a indiqué Mme IsaBelle. On va baisser probablement graduellement. »

Contredite

Cette affirmation a été contredite quelques minutes plus tard par l'entourage de M. Legault. On a précisé aux journalistes que la baisse du nombre d'immigrants aura lieu dès 2019, première année complète d'un éventuel gouvernement caquiste.

Plus tôt dans la campagne, François Legault a argué que la réduction temporaire des seuils d'immigration permettrait d'améliorer l'intégration des nouveaux arrivants à la société québécoise. Il a fait valoir qu'environ le quart des immigrants quitte la province.

Cette prise de position lui a valu de vives critiques du Parti libéral, qui juge que la pénurie de main-d'oeuvre est le plus grave problème qui pèse sur l'économie québécoise.

Une « erreur massive », selon Couillard

Pour Philippe Couillard, promettre une baisse du seuil d'immigration est « une erreur massive ». « Pour cette seule raison, parce qu'il y en a d'autres, la CAQ ne devrait pas être autorisée par la population à former le gouvernement », a lancé le chef libéral, de passage à Sherbrooke.

Il a fait valoir que la promesse de M. Legault est « antiéconomique ». « Le problème économique le plus important au Québec, je ne l'invente pas, tout le monde nous le dit au Québec : la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, moins qualifiée. L'immigration fait partie de la solution. »

C'est d'autant plus nuisible pour l'économie selon lui que M. Legault serait forcé de diminuer le nombre de nouveaux arrivants de la catégorie de l'immigration économique (30 000 des 50 000 personnes que l'on accueille chaque année). C'est la seule catégorie sur laquelle le gouvernement du Québec exerce un contrôle. Le reste est sous la responsabilité du fédéral : il s'agit des réfugiés et des nouveaux arrivants issus de réunifications familiales. Pour M. Couillard, « François Legault a une méconnaissance des faits et des pratiques d'immigration ».

Le chef libéral reste évasif quand on lui demande ses intentions au sujet du seuil d'immigration. Il a d'abord dit vouloir le « maintenir » à 50 000, mais il a entrouvert la porte à une augmentation au cours d'un prochain mandat. « Ce pourrait être le même nombre, par exemple si on pense qu'on a besoin d'un an de plus pour bien stabiliser, voir l'impact de cela », a-t-il déclaré, laissant entendre qu'une hausse pourrait survenir par la suite.

Avant d'annoncer une intention, « je veux m'assurer que les efforts qu'on va déployer (en intégration et en francisation) soient au moins au niveau des personnes qui arrivent. Je pense qu'on est là maintenant ». Il souhaite également voir « comment les besoins de main-d'oeuvre évoluent ». Il a rappelé que le seuil d'immigration est proposé par le gouvernement et fait l'objet d'un débat parlementaire avant son adoption.