Le Parti québécois s'attaque au prix des liaisons aériennes entre les régions éloignées du Québec et les centres urbains. Pour briser le « quasi-monopole » d'Air Canada, Jean-François Lisée promet de subventionner de façon « créative » les concurrents du transporteur.

La question du prix élevé de certains vols entre Québec ou Montréal et les régions éloignées, comme Baie-Comeau, fait les manchettes depuis plusieurs mois. Un sommet sur le transport aérien régional s'est d'ailleurs tenu l'hiver dernier à Lévis. Le gouvernement du Québec a alors étendu son programme de remboursement d'une portion des tarifs aériens à plusieurs régions, incluant l'Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord.

Le chef péquiste accuse son adversaire de « subventionner » ainsi Air Canada. Dans une présentation qu'il a faite aux journalistes devant l'aéroport de Baie-Comeau, samedi, M. Lisée a promis de créer un programme de subvention aux concurrents d'Air Canada pour qu'ils puissent continuer d'opérer même lorsque le transporteur « casse les prix » afin de les exclure du marché.

Pour illustrer son propos, Jean-François Lisée a donné en référence un vol entre Québec et Baie-Comeau, qui coûterait selon lui près de 1000 $ pour un aller-retour avec Air Canada. Selon le chef péquiste, le prix de référence pour un tel vol serait de 380 $ pour qu'il soit rentable. 

Par le passé, a expliqué M. Lisée, d'autres compagnies aériennes ont tenté d'offrir ce genre de liaisons à prix moins élevé. Or, une fois en opération, Air Canada aurait temporairement affiché à perte un prix plus bas que le seuil de rentabilité (fixé à 380 $ dans son exemple), forçant ainsi son compétiteur à déclarer forfait et à se retirer du marché. Air Canada aurait ensuite remonté le prix de son billet à un coût beaucoup plus élevé, allègue le chef péquiste.

« Nous sommes dans une situation complètement dysfonctionnelle qui fait que ceux qui se déplacent en région depuis les centres urbains paient 57 % de plus que s'ils habitaient en Ontario ou en Colombie-Britannique (pour une distance similaire). C'est énorme », a déploré M. Lisée. 

« Air Canada [a un quasi-monopole] et agit en toute impunité parce que le bureau de la concurrence du Canada ne fait pas son travail. [Air Canada peut ainsi] empêcher [d'autres compagnies] de faire une saine compétition et d'ainsi baisser les prix », a-t-il poursuivi. 

Un nouveau modèle 

Pour subventionner les compétiteurs d'Air Canada, Jean-François Lisée entend créer un « Bureau de la protection des consommateurs » qui aurait pour mandat de fixer de façon indépendante un prix plancher pour différentes liaisons aériennes au Québec. 

Si Air Canada offrait une liaison aérienne en bas du prix plancher fixé par le Bureau, ses compétiteurs qui voudraient offrir la même liaison recevraient de Québec la différence monétaire entre le prix plancher et le prix d'Air Canada afin de continuer à opérer sans faire de perte. 

« On va dire à Air Canada "pendant combien de temps veux-tu perdre [de l'argent]?'' La réponse, c'est zéro jour. À partir du moment où cette politique est en place, personne ne va essayer de casser les prix », a promis M. Lisée. 

La réglementation du transport aérien au Canada est de compétence fédérale. Jean-François Lisée prétend qu'il n'empiète pas dans le champ de compétence d'Ottawa en ne fixant pas les prix, mais en assurant une saine concurrence.