«Les choses vont bien», a déclaré, du bout des lèvres, Philippe Couillard, après la conférence téléphonique convoquée par le premier ministre canadien Justin Trudeau pour faire le point sur l'état des négociations avec les États-Unis concernant l'ALENA.

«Étant donné la nature excessivement délicate des jours qui sont en train de s'écouler, de la nature des négociations, nos commentaires seront quasi absents. On s'est mis d'accord là-dessus quant au silence total quant au détail des conversations», a-t-il affirmé jeudi.

Questionné afin de savoir s'il est encouragé ou découragé, M. Couillard a néanmoins répondu: «Les choses vont bien. Et je n'ai pas autre chose à dire».

«Si je continuais les conversations maintenant avec vous, ce serait irresponsable de ma part», a-t-il ajouté.

Il a souligné que «les préoccupations du Québec», en particulier au sujet de la gestion de l'offre. «sont connues». «Pour le reste, on attend les événements».

Il a précisé que «M. Trudeau ne (lui) a jamais indiqué qu'il était prêt à abandonner la gestion de l'offre». Mais sans abandonner, a-t-il ouvert la porte à une brèche? «Je n'ai rien d'autre à dire», a-t-il dit, évasif.

Mercredi, il disait qu'il n'avait eu «aucun signal de M. Trudeau (...) qu'il s'apprêtait à faire un compromis sur la gestion de l'offre».

Selon Philippe Couillard, le Québec n'est pas la seule province à réclamer le maintien de la gestion de l'offre, mais elle est «la principale» à le faire. Quelque 50% de la production canadienne de lait vient du Québec.

«Je vais défendre la gestion de l'offre jusqu'au bout, serai aux côtés des producteurs laitiers, et aucun accord» qui n'obtient pas leur appui «ne sera un accord pour le Québec», a indiqué Philippe Couillard.

Lorsqu'un journaliste lui a fait remarquer qu'il semblait nerveux, le chef libéral a lâché «Non, ça va bien, ne vous en faites pas monsieur», avant de tourner les talons et de monter à bord de son autocar de campagne qui se trouvait alors à Lac-Mégantic.

Lisée se rend à l'UPA

De son côté, le chef péquiste Jean-François Lisée participera demain à une conférence de presse conjointe des quatre principaux partis présents à l'Assemblée nationale aux bureaux de l'Union des producteurs agricoles (UPA) à Longueuil.

Mardi, M. Lisée a fait parvenir une déclaration commune à ses adversaires qu'il souhaitait retravailler avec eux pour qu'elle soit lue de façon conjointe. Cette lettre, qui n'a pas fait consensus, a finalement été transmise à la presse. Elle stipulait que «la gestion de l'offre est essentielle à la prospérité des producteurs laitiers du Québec et qu'il est de notre responsabilité d'en défendre le principe et l'existence dans son intégralité.»

M. Couillard dit avoir reçu la lettre il y a «quelques heures». «On est en train de la regarder et de prendre une décision.» Mais «ce n'est pas une urgence», ni un «enjeu majeur» pour lui. «Ça n'affectera pas les négociations à Washington», a-t-il plaidé.

Legault tend la main

De passage à Sainte-Anne-de-Beaupré, près de Québec, François Legault a appelé le premier ministre sortant à se montrer ferme dans sa défense de la gestion de l'offre.

«On a vu que M. Couillard a mal négocié avec les médecins spécialistes, il a mal négocié avec Bombardier, a déclaré le chef de la Coalition avenir Québec. J'espère qu'il va bien négocier avec M. Trudeau.»

Cela dit, il a assuré que M. Couillard trouvera en lui un allié si Ottawa devait ouvrir une brèche dans la gestion de l'offre.

Le chef caquiste estime par ailleurs qu'Ottawa se trouve dans une position de force pour régler cette épineuse négociation avec l'administration Trump.

«Actuellement, on a comme un peu le gros bout du bâton, a dit M. Legault. Ce que je comprends, c'est que M. Trump a conclu une entente avec le Mexique, qu'il a besoin d'une entente d'ici le 31 août. Donc moi je pense que la pression est maintenant sur le dos de M. Trump.»

- Avec la collaboration de Hugo Pilon-Larose et Martin Croteau