Les infirmières praticiennes spécialisées du Québec, communément appelées super-infirmières, sont parmi les mieux formées au pays, mais aussi celles qui ont le moins de pouvoirs comparativement à leurs consoeurs des autres provinces.

Alors que la campagne électorale bat son plein, l'Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec (AIPSQ) souhaite que tous les partis s'engagent à leur permettre d'exercer plus d'activités médicales et à leur concéder une plus grande autonomie.

Les super-infirmières ont la compétence, l'expertise et la volonté de contribuer à améliorer davantage le système de santé, affirme Christine Laliberté, présidente de l'AIPSQ et elle-même super-infirmière.

« On ne veut pas plus de responsabilités pour en enlever à d'autres, dit-elle. On veut simplement contribuer au système à la hauteur de nos compétences. »

À titre d'exemple, à l'heure actuelle au Québec, lorsqu'une super-infirmière soupçonne qu'un patient souffre de diabète, elle a le droit d'amorcer un traitement, mais il lui est interdit de poser le diagnostic. En d'autres mots, elle ne peut pas dire au patient qu'il souffre de diabète.

Le patient diabétique doit obligatoirement rencontrer un médecin dans un délai de 30 jours suivant l'amorce du traitement par la super-infirmière. 

« C'est trop restrictif. On demande plus de souplesse. Le patient a beaucoup de difficultés à consulter un médecin - quand ce n'est pas carrément impossible - dans un délai aussi court. »

- Christine Laliberté, présidente de l'AIPSQ

ASSOUPLISSEMENT

Les super-infirmières demandent donc un assouplissement de certaines lignes directrices encadrant leur pratique qui « contribuent présentement à un ralentissement du système », ajoute Mme Laliberté. C'est sans compter le fait que ces multiples consultations ont un impact financier, souligne-t-elle.

Le gouvernement du Québec se trouve à payer deux fois, d'abord pour le rendez-vous avec la super-infirmière, ensuite pour le rendez-vous avec le médecin alors que ce dernier fait cette consultation pour confirmer ce qui est déjà connu, a d'ailleurs décrit l'AIPSQ dans un mémoire présenté à l'Office des professions du Québec en mai 2017.

Ce n'est pas le cas pour toutes les maladies chroniques, mais pour certaines comme le diabète, la visite médicale obligatoire dans un délai restreint n'est pas nécessaire, croit Mme Laliberté. Pendant ce temps, le médecin ne voit pas d'autres patients dans le besoin, poursuit-elle.

POURSUIVRE LE TRAVAIL

L'AIPSQ souhaite que l'engagement du ministre de la Santé Gaétan Barrette de déployer 2000 infirmières praticiennes spécialisées dans la province d'ici 2025 se maintienne peu importe le parti porté au pouvoir cet automne.

« Le travail amorcé avec le ministre de la Santé sortant [Gaétan Barrette] a été très positif, on espère vraiment que cela va se poursuive [avec son successeur]. »

- Christine Laliberté, présidente de l'AIPSQ

Mme Laliberté rencontre ces jours-ci les différents partis politiques.

Selon les plus récentes données disponibles, le Québec compte 873 super-infirmières, dont 493 sont certifiées et 380 sont étudiantes ou en attente de procéder à leur examen de certification. La grande majorité d'entre elles offrent des soins de première ligne. Les autres pratiquent en cardiologie, néphrologie et néonatalogie.

À la suite de l'adoption d'une nouvelle réglementation plus tôt cette année, la profession comptera bientôt d'autres spécialités comme la pédiatrie et la santé mentale.

L'infirmière praticienne spécialisée a une formation universitaire de niveau supérieur à celle de l'infirmière. En plus des activités spécifiques au domaine infirmier, elle peut exercer cinq activités supplémentaires habituellement réservées aux médecins, soit : prescrire des examens diagnostiques ; utiliser des techniques diagnostiques invasives ou présentant des risques de préjudice ; prescrire des médicaments et d'autres substances ; prescrire des traitements médicaux ; utiliser des techniques ou appliquer des traitements médicaux invasifs ou présentant des risques de préjudice.