Un gouvernement de la Coalition avenir Québec coupera 5000 emplois dans la fonction publique dans un premier mandat, a promis François Legault mardi. Il a assuré que sa stratégie n'affectera pas les services à la population, mais cette affirmation a vite été contestée par les syndicats.

De passage à Québec, où se trouvent plusieurs ministères, M. Legault a présenté un plan sur quatre ans pour réduire les dépenses de l'État par près de 1,2 milliard. Le gros des économies, 800 millions, viendrait d'une réduction des dépenses en informatique, détaillée par la CAQ en avril.

À ce plan, le chef caquiste a greffé un autre engagement: couper 5000 postes dans la fonction publique. Il calcule que cette mesure entraînera des économies récurrentes de 380 millions.

Bien qu'il se garde de qualifier ces travailleurs d'«inutiles», M. Legault estime que ces employés ne livrent aucun service à la population et que leurs postes sont donc superflus.

«C'est de la bureaucratie, a-t-il résumé. Ce sont des gens qui écrivent des rapports à d'autres gens qui écrivent des rapports, qui finalement, mettent en application les budgets étiquetés de façon détaillée par les ministres à Québec.»

Il n'est pas question de procéder à des mises à pied, a indiqué le chef caquiste, mais plutôt de ne pas remplacer les employés qui partent à la retraite. M. Legault fait valoir que 36 000 baby-boomers prendront leur retraite dans les prochaines années, une «occasion à saisir» pour éliminer des postes par attrition.

«De l'eau dans notre vin»

En 2014, M. Legault militait pour des coupes beaucoup plus importantes dans les différents ministères et organismes du gouvernement. Il proposait alors de sabrer 20 000 postes dans la fonction publique.

«On a mis un petit peu d'eau dans notre vin», a-t-il convenu.

«C'est 1% au total des employés (de l'État), a-t-il ajouté. On pense que c'est très, très, très conservateur.»

«Irréaliste» selon les syndicats

Le président du Syndicat de la fonction publique du Québec, Christian Daigle, a immédiatement réagi à la proposition de la CAQ. Selon lui, le plan de François Legault est «irréaliste», car il est clair que les services publics pâtiront d'une réduction des effectifs de l'État.

«Je ne le crois pas, a résumé M. Daigle. Tout le monde donne des services à la population d'une façon directe ou indirecte.»

Il cite en exemple un agent de l'aide sociale qui distribue des chèques aux bénéficiaires. Derrière cet agent, il faut une équipe «pour préparer les documents, préparer les choses». Idem pour un inspecteur en environnement: «ça prend quelqu'un au bureau qui répond au rapport» ou «qui va faire de la planification», illustre M. Daigle.

«Toutes les coupures qui ont lieu présentement affectent les services publics d'une façon ou d'une autre, les services à la population, a dit M. Daigle. Alors oui, il y a un impact parce que l'inspecteur ne se déplace pas autant sur le terrain, il doit rester au bureau pour écrire ces rapports. Alors on a de la difficulté présentement.»