Le Parti québécois (PQ) fait de l'oeil aux électeurs qui en ont marre des bouchons de circulation. Pour améliorer la fluidité routière, il promet de payer les conducteurs et les passagers qui utiliseraient un futur «Tinder» du covoiturage «pour [se] trouver un partenaire pour une courte distance».

Cette mesure, qui coûterait 313 millions sur quatre ans, serait financée à partir du Fonds vert. Elle vise à retirer 150 000 véhicules sur les routes du Québec en heure de pointe. Le PQ estime qu'il arriverait ainsi à faire passer de 1,2 à 1,4 personne par voiture à l'heure de pointe matinale d'ici 2025. 

Le chef péquiste Jean-François Lisée en fait l'annonce lundi matin, au cinquième jour de la campagne électorale. Une fois inscrit à l'application, un citoyen obtiendrait 8 $ par jour (aller le matin, retour le soir) pour prendre à bord un ou des passagers, qui recevraient à leur tour 8 $. Dès l'an deux, ce montant serait baissé à 6 $.

«On ne peut pas prendre ça pour faire Chibougamau-Montréal. C'est pour les courtes distances à l'heure de pointe et de façon pendulaire (tu te rends à un endroit et tu reviens le soir). [Les utilisateurs] ne pourront pas faire du Uber déguisé avec ça» en multipliant les courses, a dit M. Lisée. 

Une annonce mal ficelée 

Si le Parti québécois était enthousiaste à présenter son «Tinder» du covoiturage, l'annonce faite à Terrebonne lundi a toutefois été mal ficelée. Le président de l'application de covoiturage Netlift, Marc-Antoine Ducas (invité par le PQ pour l'annonce), n'avait visiblement pas été informé que le parti voulait créer une application. 

«Je pense que c'est important que les gens comprennent bien que l'État ne va pas se lancer dans le développement d'une application mobile. (...) L'État n'a ni l'expertise ni la capacité pour faire développer l'application», a-t-il dit aux journalistes. 

Selon lui, ce «Tinder» du covoiturage serait en fait «un fichier centralisé pour que si quelqu'un demande un trajet sur Netlift, il puisse éventuellement trouver un conducteur qui utilise une autre application. C'est ce qu'on appelle 'mobility as a service'», a ajouté M. Ducas. 

Pendant le point de presse officiel, le candidat péquiste dans Saint-Hyacinthe, Daniel Breton, a pour sa part dit que «l'idée, c'est qu'il y ait un point d'entrée pour que toutes les applications puissent être 'rejoignées' (sic), connectées. On appelle ça en anglais 'mobility as a service'».

«Ça, c'est l'annonce de la semaine prochaine, Daniel», a répondu dit Jean-François Lisée, affirmant pour sa part qu'il ne faut pas «six applications différentes pour trouver un conducteur».

Qu'en est-il réellement?

De retour à bord de l'autobus de campagne, les responsables des communications du Parti québécois ont finalement expliqué aux journalistes que les utilisateurs des applications de covoiturage existantes pourront recevoir l'argent versé par le «Tinder» péquiste si celles-ci sont connectées au fichier central.