Le Parti libéral du Québec (PLQ) surprendra les électeurs avec ses engagements de campagne électorale, promet Philippe Couillard. La bonne performance de l'économie a permis de dégager une marge de manoeuvre étonnante, supérieure aux prévisions, qui permettra d'accéder à une demande récurrente de la population : simplifier la vie des familles, des travailleurs et des aînés.

En entrevue avec La Presse à son bureau de Montréal, Philippe Couillard reste prudent sur les 100 premiers jours d'un éventuel deuxième mandat : « On va s'occuper de la qualité de vie », se borne-t-il à dire. Pas question pour lui de distiller à l'avance les engagements de la campagne de son parti, de télégraphier son plan d'action aux adversaires.

Une exception, toutefois. Réélu, il promet de mettre tout de suite en place la gratuité des garderies, subventionnées ou non, pour les enfants de 4 ans. L'intention avait déjà été annoncée, mais son application devait s'étendre sur tout le mandat. L'injection nécessaire, de 250 millions, serait annoncée dans un minibudget déposé en décembre. Elle s'appliquerait dès 2019. « Cette mesure est un exemple de ce qu'on veut faire, de ce que je veux mettre en place le plus rapidement possible », souligne M. Couillard. Le menu des 100 jours est déjà prévu : « Dès le début, dès les premiers jours, on sera au travail, avec des gestes concrets pour les familles, les travailleurs et les aînés », poursuit-il.

Lundi prochain, la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, doit rendre publique son appréciation de l'état des finances publiques. Le dernier budget, en mars, prévoyait que la croissance du PIB pour 2018 serait de 2,1 %. Le plus récent coup de sonde, en juin, laissait plutôt entrevoir une croissance de 3 %. La cagnotte du gouvernement sera plus importante que prévu, près de 700 millions si le taux de 3 % se matérialise, indique-t-on au gouvernement.

« Les gens vont être très surpris. On s'est donné les moyens de faire beaucoup plus, de dégager des marges pour aller plus loin. »

Pour lui, le message de la population est limpide. « Quand vous leur demandez [ce qu'ils souhaitent], les gens disent qu'ils manquent de temps, d'accès aux services publics », résume-t-il. L'objectif immédiat du gouvernement sera de simplifier la vie aux citoyens, aux parents et aux contribuables. Aussi, après avoir injecté des millions dans les services de santé et d'éducation, un gouvernement libéral accorderait davantage d'attention aux employés des réseaux, infirmières et enseignants, qui n'ont pas eu la reconnaissance qu'ils méritent depuis quatre ans.

« Le PLQ est le parti de l'économie, de l'éducation, souligne Philippe Couillard. Il sera celui de la qualité de vie, celui qui simplifiera la vie des familles, qui rendra la vie plus agréable et plus simple pour les futures générations. » Les parents sont unanimes, les obligations du travail, des garderies, des écoles sont source d'intense pression : « Les gens veulent du temps [...] et ils vont trouver qu'on fait des choses qui vont directement au coeur de leur vie », résume M. Couillard.

La photo de la vérificatrice montrera que « l'économie va très bien. On est à plus de 200 000 emplois créés à temps plein. Tout cela augmente les marges de manoeuvre, les revenus de l'État ». Ce rapport désormais statutaire avant les élections « va profondément changer le jeu politique dans la campagne. Personne ne pourra désormais arriver au gouvernement et dire : "Je ne peux pas faire ceci ou cela à cause d'une situation économique moins bonne que prévu" », explique Philippe Couillard.

Il s'indigne quand on souligne que les libéraux sont au pouvoir depuis 15 ans, hormis une brève parenthèse péquiste. « Quinze ans, non ! Moi, c'est quatre ans. » Le plaidoyer pour le « changement » martelé par François Legault est non avenu, selon lui. « Changement pour quoi ? », lance-t-il. Son gouvernement a déposé une politique culturelle, un plan de lutte contre la pauvreté, une politique de développement de la main-d'oeuvre.

« Je n'ai rien vu de tout ça chez mes adversaires. Changer pour quoi ? Et pour qui ? Le gouvernement a fait un bon travail dans un premier mandat. »

Dès sa réélection, le gouvernement réactiverait l'étude de projets de loi laissés sur le carreau lors de la dissolution de l'Assemblée nationale, en juin. L'assurance parentale, l'accès à l'information, la stratégie bioalimentaire et le protecteur de l'élève sont autant de mesures à remettre sur le métier. Le bilan n'est pas mauvais, insiste M. Couillard : une étude de l'Université Laval indique que 80 % des engagements de 2014 ont été remplis.

Il souffle le chaud et le froid quand on lui demande de parler de ses candidats et d'un éventuel Conseil des ministres. Il se défend quand on relève que le PLQ semble manquer de vedettes, de candidats à la notoriété nationale. En 2014, le PLQ avait un trio économique de choc avec Carlos Leitão, Martin Coiteux et Jacques Daoust. Il ne reste que le ministre des Finances, M. Coiteux tirera sa révérence et M. Daoust s'est éteint.

M. Leitão restera aux Finances. Pour le reste, l'équipe libérale sera « renouvelée, rajeunie et de très haut calibre », promet M. Couillard. Au passage, il parle d'Alexandre Boulay dans Gaspé, de Marwah Rizqy dans Saint-Laurent. Les aspirants candidats ne manquent pas : « On a plus de personnes que de comtés disponibles », lance-t-il. Et contrairement à ceux de la Coalition avenir Québec (CAQ), les candidats doivent passer par une investiture, obtenir le feu vert de l'association de la circonscription, rappelle- t-il.

Si le sort de Carlos Leitão semble scellé, il en va tout autrement de celui de Gaétan Barrette. « Je formerai le Conseil des ministres après l'élection, rien ne reste inamovible, réplique-t-il. Beaucoup d'encre et de salive ont été dépensées sur le caractère de M. Barrette. Monsieur gentil ou pas ? Trop agressif ? Pendant ce temps, je défie quiconque de présenter un meilleur bilan en santé. Cela n'existe pas, depuis le début du siècle, que ce soit pour les médecins de famille, les infirmières, les préposés, les listes d'attente. C'est sans précédent, tous les indicateurs sont dans la bonne direction ! J'ai été pendant cinq ans et demi ministre de la Santé, et je n'ai jamais vu ça ! »

Au-delà de la mauvaise presse du « gouvernement des médecins », il fait la liste des « accomplissements concrets » en santé : davantage d'heures de soins, 2000 personnes de plus dans les équipes de soins à domicile, davantage d'employés dans les soins de longue durée, la nourriture et les soins d'hygiène améliorés. « Cela va mieux dans tous les secteurs », tranche-t-il.

On ne le surprendra pas à conjecturer sur la taille du Conseil des ministres. Pas question pour lui de réduire le nombre de limousines. « J'ai fait un constat à la fin du mandat. Moins de ministres, cela semble attrayant pour certains, mais les dossiers écopent. Les ministres se retrouvent avec des responsabilités très vastes, des domaines qu'ils n'ont pas le temps de fouiller, d'approfondir. » Un exemple : Lise Thériault s'est vu confier les questions de consommation l'an dernier, elle s'y est concentrée et a fait adopter des mesures importantes. « Je me méfie de la fausse qualité que représente un Conseil réduit... tout dépend des personnes et des fonctions. »