Le député libéral de Marquette, François Ouimet, juge que les mesures qui ont été prises pour qu'il ne soit pas candidat aux élections sont «blessantes» et qu'elles trahissent l'engagement que le premier ministre Couillard avait pris envers lui en mai dernier.

M. Ouimet, qui est également premier vice-président de l'Assemblée nationale, a confirmé mercredi qu'il ne pourra pas être candidat du Parti libéral dans sa circonscription de l'ouest de Montréal, alors que son parti souhaite renouveler l'équipe. 

En matinée, le député s'est présenté devant la presse parlementaire la voix cassée, les yeux rougis, peinant par moment à finir ses phrases sans être paralysé par l'émotion.  

«[Ce qui m'arrive] va à l'encontre de l'engagement pris par le premier ministre [en mai dernier], qui m'a regardé dans les yeux, m'a serré la main et m'a réitéré sa confiance de vive voix», a expliqué M. Ouimet, élu sans interruption à l'Assemblée nationale depuis 1994. 

«[Philippe Couillard] m'a dit ''inquiète-toi pas, je ne te jouerai pas de tour, je vais signer ta lettre de candidature". J'ai pris sa parole» pour acquise, a ajouté le député de Marquette. 

«Lorsqu'on regarde quelqu'un dans les yeux et qu'on lui serre la main, on quitte avec la certitude qu'on a une entente. Quand cette entente n'est pas respectée, ça fait mal», a-t-il dit en larmes.

Un moment «douloureux», dit Couillard 

Le chef libéral, Philippe Couillard, a affirmé en après-midi que dans la vie d'un chef de parti politique «il y a des moments qui sont douloureux [avec] des décisions très, très difficiles à prendre parce qu'elles impliquent des humains, des gens avec qui on travaille.» 

«Ce sont des cicatrices qu'on porte dans son coeur pendant longtemps», a-t-il dit, questionné par la presse sur la séquence d'événements qui l'a mené à exiger le départ de François Ouimet. 

«On a beaucoup plus de candidats de très grande qualité que de circonscriptions disponibles. (...) Les circonstances ont changé, le nombre de candidatures de qualité ont augmenté et pour assurer le succès de mon [parti], je me dois de présenter une équipe à la fois expérimentée et renouvelée», a dit M. Couillard.

Cette décision de tasser M. Ouimet de sa circonscription pourrait-elle lui nuire, face à des adversaires en campagne qui remettraient en doute la qualité de sa parole?

«Ma parole vaut beaucoup. Nos engagements ont été largement tenus et les gens qui travaillent avec moi et à mes côtés savent que je suis un homme de parole», a répondu M. Couillard.  

Quelle est la suite pour M. Ouimet?

Questionné par les journalistes s'il excluait à ce stade-ci de se présenter pour un autre parti, M. Ouimet n'a pas été précis mercredi matin dans sa réponse. Il a rappelé qu'il était militant libéral depuis plus de 20 ans et qu'il avait un profond respect pour l'ensemble des parlementaires. 

«Les gens disent que la politique est cruelle, mais j'ai connu des personnes dans chaque formation politique qui sont vraiment de très bonnes personnes. Le volet ''cruauté'' de la politique, ce n'est pas vraiment la politique (...), [ce sont] les gens qui ont un trait de caractère qui peut être un peu cruel», a dit le député. 

Dans une conversation téléphonique qu'il a eue ce matin avec Philippe Couillard, on lui aurait expliqué que le parti souhaitait choisir un nouveau candidat dans la circonscription de Marquette - un château fort libéral - dans un esprit de renouveau. S'il avait été réélu le 1er octobre prochain, M. Ouimet serait devenu le doyen de l'Assemblée nationale, maintenant que le péquiste François Gendron a quitté la vie politique. Sans lui au parlement, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, serait le nouveau doyen. 

«Depuis quelques mois, il y a des jeux de coulisses. Je ne peux que spéculer sur ce que certains organisateurs souhaitent obtenir», a-t-il dit. 

«Ça n'est jamais passé par mon esprit. (...) Ça serait tellement cynique de prendre des décisions semblables sur cette base-là», a plus tard affirmé M. Couillard.