Pauline Marois est prête à prolonger la période de transition prévue à la charte des valeurs pour éviter le congédiement d'employés de l'État qui refuseraient de retirer leur signe religieux. Mais si leur refus devait persister au-delà de cette période, un gouvernement péquiste les congédierait tout en les aidant à se trouver un autre emploi dans le secteur privé.

Lors d'un débat au cégep Vanier de Montréal, lundi, la candidate péquiste Évelyne Abitbol a reconnu que la charte des valeurs entraînera des congédiements, selon le Journal de Québec.

En conférence de presse à Montréal mercredi, la chef péquiste a tenté de corriger le tir. Selon elle, la « phase de transition » prévue à la charte des valeurs vise à « éviter que de telles situations se produisent ». Puis elle a ajouté : « Cette phase de transition pourra dans certains cas peut-être être un petit peu allongée s'il y a lieu ».

Selon le projet de loi 60, tous les employés de l'État devraient respecter l'interdiction au terme d'une phase de transition d'un an. Les municipalités, les cégeps, les universités et les hôpitaux pourraient prolonger de quatre ans cette phase de transition.

Notons que, si le PQ est reporté au pouvoir, tous les employés embauchés après l'adoption éventuelle de la charte des valeurs devraient respecter l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires.

En entrevue au 98,5 FM, Pauline Marois a réitéré qu'elle croit « possible à l'intérieur de la phase de transition d'amener les gens à s'adapter et à respecter » les règles prévues à la charte. Questionnée pour savoir ce qu'elle ferait si un médecin juif de l'hôpital Jean-Talon souhaite garde sa kippa, elle a répondu : « Dans la loi et les règlements que nous proposons, il est possible de trouver des voies de passage. Et au bout des (années de transition), il est possible qu'on puisse admettre ou accepter qu'il y ait un prolongement.» « Nous ne souhaitons et nous ne voulons pas » de congédiements, a-t-elle ajouté. « Nous pensons qu'il est possible de trouver des voies de passage, quitte même à accompagner ces personnes vers des emplois autres qui correspondent à leurs compétences. Car on ne touche pas au secteur privé, on touche seulement aux secteurs public ou parapublic ».

On a lui donné l'exemple d'une éducatrice d'un centre de la petite enfance (CPE) qui refuse de retirer son hijab même après la période de transition. « En fin de compte, on l'aidera à se réorienter, et on ne la laissera pas tomber », a-t-elle dit.

Toujours pas de réponse, déplore Couillard

Philippe Couillard accuse Mme Marois de manquer de transparence. «Elle sait qu'il va y avoir des congédiements et elle essaie de le cacher (...) Elle préfère ne pas expliquer clairement ses intentions», a-t-il accusé, lors d'une conférence de presse à Trois-Rivières.

Selon lui, le PQ «place les femmes dans une position intenable: avoir à choisir entre son identité et son emploi». «Il s'agit d'un geste discriminatoire sans précédent, spécifiquement envers les femmes.»

Et accorder un délai supplémentaire ne ferait que retarder l'inévitable, croit-il. «J'ai posé la question à Mme Marois : combien y aura-t-il des congédiements? Je n'ai pas eu de réponse, et je n'en ai toujours pas ce matin.»

Mme Marois doit être «conséquente». Si une personne qui porte un signe religieux ostentatoire ne peut pas travailler dans la fonction publique, «la conclusion logique, c'est qu'on va la congédier», dit-il.

En après-midi, lors d'une deuxième conférence de presse, Pauline Marois a souligné qu'un gouvernement péquiste ferait le maximum pour amener un employé de l'État à respecter la charte, avec des mesures exceptionnelles comme prolonger la période de transition pour certains cas. Elle croit qu'il n'y aurait ultimement que quelques cas de congédiement, s'il devait y en avoir, - autour de cinq - et que ces personnes seraient accompagnées dans la recherche d'un nouvel emploi dans le secteur privé.

- Avec Paul Journet