Philippe Couillard a pris l'initiative de dévoiler ses actifs au nom de la «transparence», mais il choisit de tracer une ligne avec son salaire. Il le dévoilera seulement pour ses années en politique.

En 2010, il a été membre du conseil consultatif international du ministre de la Santé d'Arabie Saoudite. Combien a-t-il gagné ? «Ça, c'est des questions privées auxquelles je ne répondrai pas», a-t-il dit en conférence de presse à l'Université Laval.

«Ces sommes ne sont pas très importantes, je ne passais pas ma vie là, j'y allais deux fois par année maximum, des fois une fois par année. Et elles ont été déposées, déclarées, l'impôt a été payé», a-t-il ajouté.

L'exigence de «transparence» s'applique à sa «vie publique», explique-t-il. «J'ai accepté, et même je suis allé au-delà, de publier une déclaration d'impôt où je n'étais même pas en politique. Alors à partir de maintenant, du moment où je suis dans la vie publique, ça change. Ce qui appartient à ma vie avant la vie publique, c'est différent», a-t-il dit.

M. Couillard a ouvert ses livres. Sa conjointe et lui possèdent des actifs de plus de 667 000 dollars. Le chef caquiste François Legault et la co-porte-parole de Québec solidaire l'ont imité. Seule Pauline Marois n'a pas dévoilé ses actifs et ceux de son conjoint. Elle s'est limitée à une déclaration d'impôt.

Le chef libéral s'est demandé la semaine dernière si ses rivaux ont pu placer leurs avoirs dans une fiducie familiale, qui permet d'économiser de l'impôt.

M. Couillard a été critiqué pour le compte bancaire qu'il détenait à l'île de Jersey lorsqu'il travaillait et résidait en Arabie saoudite, de 1992 à 1996. Un compte «légal et légitime», selon lui.

Questionné sur la hauteur relativement modeste  de ses actifs pour un neurochirurgien qui a travaillé en Arabie saoudite, il a répondu ceci: «Quelle surprise ! Les gens qui disaient que j'étais multi millionnaire, que je nageais dans l'argent, quelle déception pour eux.»

Il a poursuivi en disant avoir choisi de gagner moins d'argent en se lançant en politique. «Deux fois, j'ai fait le geste de me lancer en politique. La première fois, j'ai quitté un poste de neurochirurgien, de chef de département, très, très bien rémunéré, volontairement, pour aller en politique et probablement encaisser une baisse de salaire de 60 à 70% pendant cinq ans et demi.»

Legault amusé

François Legault a tourné en dérision le refus de son rival libéral. Le chef de la Coalition avenir Québec rappelle que c'est justement M. Couillard qui a sommé ses adversaires de dévoiler l'ensemble de leurs avoirs.

«On a toujours avantage à être plus transparent que moins transparent, surtout dans son cas», a-t-il ironisé.

«Il a voulu être le champion de la transparence, qu'il nous dise comment ça se fait - avec ce qu'on peut imaginer qu'il gagnait en Arabie saoudite - qu'il lui restait juste 600 000$? a-t-il ajouté. Est-ce que c'est parce que c'est un mauvais gestionnaire?»

- Avec Martin Croteau