Philippe Couillard a été piqué aux vifs par les attaques de Pauline Marois, qui l'accuse de ne pas avoir suffisamment dénoncé le régime autoritaire saoudien.

La chef péquiste parlait des gens qui, comme M. Couillard, choisissent de travailler en Arabie saoudite. «J'espère que jamais ils ne cautionneront de tel système, mais peuvent-ils au moins le dénoncer... ce qui ne fut pas le cas de M. Couillard. J'avais une citation, je ne l'ai pas devant moi maintenant, que lorsqu'il a été interrogé à son retour d'Arabie saoudite ou sur l'expérience qu'il y avait vécue, si je ne m'abuse, c'est qu'il a dit à ce moment : écoutez, il y a des façons différentes de faire, des cultures différentes.»

«Moi, je crois qu'il faut dénoncer, a-t-elle poursuivi. Quand on dit qu'on va lui passer sur le corps pour qu'il adopte une charte des valeurs québécoises, il me semble que c'est deux poids deux mesures. Il devrait autant dénoncer ce qui se passe en Arabie saoudite, qui met en cause les droits des femmes et de beaucoup d'autres personnes qui se distinguent dans cette société.»

Le chef libéral a perdu patience. «Quelle niaiserie! Je m'excuse, mais quelle niaiserie de dire une affaire de même! Comme s'il y avait un Québécois qui trouve acceptables les coutumes sociales de ce pays-là ou d'un autre pays. C'est un peu comme si quelqu'un vous disait: je m'en vais travailler au Texas. Et (que vous lui répondiez) : Ah, t'es pour la peine de mort d'abord. C'est tellement ridicule, ça se passe même de commentaire», a-t-il tonné, en marge d'un rassemblement dans Argenteuil devant quelque 400 militants.

«Au contraire, le fait de voir ça me rend encore plus confiant et heureux de vivre au Québec, au Canada, avec un pays qui a les libertés à coeur et où l'égalité des hommes et des femmes est absolument garantie», a-t-il ajouté.

M. Couillard a travaillé de 1992 à 1996 à Dharan, pour le département de neurochirurgie d'une pétrolière. En 2010, il a été membre du conseil consultatif international du ministre de la Santé d'Arabie Saoudite. Il a donc travaillé pour l'État. «Et alors?, a-t-il réagi lorsque questionné sur cet aspect. Que faites-vous des milliers de Québécois et de Canadiens qui encore aujourd'hui le font? Est-ce que ça veut dire que ces gens entérinent les coutumes sociales de ce pays-là? Voyons donc.»

Il a rappelé que le Québec et le Canada maintiennent des relations avec des régimes non démocratiques. Il n'est pas interdit de séjourner dans ce pays. «À ce que je sache, on a des relations diplomatiques complètes avec ce pays. À moins que Mme Marois annonce que dans son Québec séparé, il n'y aurait plus de relations diplomatiques. Je ne crois pas qu'elle le ferait. Quand même... Un peu de bon sens, un peu de nuances. C'est des niaiseries.»

Plus tôt dimanche au brunch de la laïcité du Parti québécois, la candidate Djemila Benhabib a critiqué l'Arabie saoudite, un «pays qui pend les mal pensants, qui décapite les poètes».