Les chefs de parti disent-ils toute la vérité lors du débat ? Leurs déclarations ne sont pas toujours parfaitement exactes et doivent être nuancées. Nos journalistes ont vérifié des affirmations de Pauline Marois, Philippe Couillard, François Legault et Françoise David lors du débat d'hier. Verdict.

Nos journalistes ont vérifié des affirmations de Pauline Marois, Philippe Couillard, François Legault et Françoise David lors du débat d'hier. Verdict.





PAULINE MAROIS, PQ

DANS LEURS MOTS : «Ça ne fait que 18 mois que nous sommes au gouvernement, mais il y a eu une réduction de presque une heure du temps d'attente dans les urgences. »

VÉRIFICATION : Selon les données du ministère de la Santé, l'attente moyenne a été de 16,36 heures durant les 11 premiers mois de 2013-2014. En 2012-2013, l'attente moyenne aux urgences avait été de 17,5 heures.

DANS LEURS MOTS : « Lorsque le Parti libéral était au gouvernement, il s'est perdu 150 000 emplois dans le secteur manufacturier. Depuis que nous sommes là, il y a eu une augmentation des emplois dans le secteur manufacturier. »

VÉRIFICATION : Selon l'Enquête sur la population active de Statistique Canada, il y avait 613 000 emplois dans le secteur de la fabrication lors de l'arrivée au pouvoir des libéraux, en avril 2003. En septembre 2012, au moment des dernières élections, il y en avait 516 000, soit 97 000 de moins. Et il y en avait 484 000 en février 2014, soit 32 000 de moins. Mais attention : ces données ne sont pas désaisonnalisées.

FRANÇOISE DAVID, QS

DANS LEURS MOTS : «Il y a des États neutres comme l'Allemagne ou la Belgique où, dans bon nombre de cas, les employés de l'État portent des signes religieux, et ça n'en fait pas des États moins neutres. »

VÉRIFICATION : L'interdiction des signes religieux en Belgique varie selon la région et l'ordre de gouvernement. Les conseils municipaux, les écoles et les entreprises privées ont tour à tour adopté leurs propres règles. Le gouvernement de la Flandre interdit les signes religieux dans les écoles. En Wallonie, la décision incombe aux écoles. Le conseil municipal de Gand, le premier à interdire le port de signes religieux aux employés de l'État, en 2007, est revenu sur sa décision l'an dernier. En Allemagne, la décision d'interdire ou non les signes religieux appartient aux Länder (États fédérés). La moitié d'entre eux interdit le port du voile aux enseignantes.

PHILIPPE COUILLARD, PLQ

DANS LEURS MOTS : «On a fait plusieurs vérifications sur ce 428 000$, alors ça n'existe pas. Il n'y a pas d'activité de financement qui peut ramasser une telle somme, c'est impossible. On n'a pas le document qui est détenu pour voir exactement de quoi il s'agit. »

VÉRIFICATION : Aucun rapport financier du PLQ depuis 2003 ne rapporte la tenue d'une activité ayant rapporté autant d'argent. Le cocktail le plus lucratif a eu lieu en 2003, sept jours après l'élection du gouvernement de Jean Charest, où les libéraux récoltaient 353 000$ lors d'une soirée à Westmount. Il est par contre arrivé que le parti récolte jusqu'à 450 000$ en organisant des cocktails deux jours de suite. Dans un document récemment libéré, l'UPAC révèle toutefois avoir mis la main sur une «liste de 20 activités ayant cumulé un total de 700 615$». Une ligne indique que «[caviardé] en aurait amassé pour 428 150$ pour une seule activité.»

DANS LEURS MOTS : « C'est vous qui avez diminué les admissions en médecine et c'est nous qui les avons augmentées. »

VÉRIFICATION : Le gouvernement péquiste a diminué le nombre d'admissions dans les facultés de médecine de 1994 à 1997. De 1996 à 1998, Pauline Marois était ministre de l'Éducation sous le gouvernement de Lucien Bouchard, qui visait le déficit zéro. Il faut remettre les choses en contexte: au début des années 90, les acteurs du système de la santé estimaient que le Québec souffrait d'un surplus de médecins. Le gouvernement libéral de l'époque avait déjà réduit le nombre d'étudiants. À son arrivée au pouvoir, en 2003, le gouvernement Charest a augmenté de manière importante le nombre d'admissions.

FRANÇOIS LEGAULT, CAQ

DANS LEURS MOTS : «Le plus grand changement qu'on a à faire dans le réseau de la santé, c'est d'enlever des structures. Actuellement dans le réseau de la santé, il y a 46 000 employés qui ne donnent pas de services. »

VÉRIFICATION : Selon les données de 2011-2012 du ministère de la Santé et des Services sociaux, il y a 33 421 membres du personnel de bureau, techniciens et professionnels de l'administration, ainsi que 11 845 cadres, soit au total 45 266 employés. Notons toutefois qu'un certain nombre de cadres donnent également des soins aux patients, dont 87 cadres médecins.