L'UPAC a les méthodes de financement du Parti libéral à l'oeil depuis plus de trois ans.

Les enquêteurs du projet Joug sur le financement des partis politiques ont rapidement suivi la piste les menant au PLQ. Comme l'ont indiqué à La Presse deux personnes proches de l'enquête, la première perquisition effectuée chez Roche, en 2010, a permis aux policiers de trouver des «traces» des façons de faire chez les dirigeants de la firme de génie-conseil de Québec, notamment la vice-présidente France Michaud.

Comme les autres grandes firmes d'ingénierie, Roche a développé au fil des ans un modèle d'affaires qui mise sur l'amalgame des relations interpersonnelles et de l'expertise professionnelle; le client devient un ami que l'on invite à dîner, en voyage ou au golf, par exemple. La proximité avec le monde politique est devenue une plus-value incontournable.

Dans ce contexte, France Michaud a été qualifiée de «cerveau financier» pour le financement des partis politiques par un informateur. Si Mme Michaud apparaît proche du Parti québécois, elle entretenait aussi d'excellentes relations avec le PLQ, a-t-on aussi souligné à La Presse.

«Les firmes ont tendance à donner de l'argent des deux côtés et à développer des relations étroites des deux côtés aussi», affirme une personne proche de Joug.

Avec des informations névralgiques en main, l'UPAC a donc creusé les liens entre Roche et les libéraux. C'est ainsi que la police a cogné à la porte du siège social du PLQ, en juillet dernier, au moment où tout le Québec était attentif au drame vécu par les habitants de Lac-Mégantic.

Mais la veille du retour de Philippe Couillard à l'Assemblée nationale, dans ses nouvelles chaussures de chef du PLQ, l'opération policière fut éventée. M. Couillard s'est retrouvé immédiatement plongé dans une cascade de révélations toutes plus embarrassantes les unes que les autres. Son caucus de députés avait été tenu dans l'ignorance de la perquisition, ce qui provoqua beaucoup de grogne.

«Le passé est là. On ne le refera pas. On va l'assumer. On va s'assurer que les gens aient à répondre de leurs actes», avait alors dit le chef libéral en promettant la transparence.

M. Couillard a révélé par la suite que la directrice générale du parti avait rencontré l'UPAC. Il a également reconnu avoir lui-même eu un face à face impromptu avec les enquêteurs, à sa résidence.

Selon Philippe Couillard, la police s'intéresse à des «pratiques anciennes». D'ailleurs, en campagne électorale, M. Couillard tente de prendre ses distances des troupes libérales sous la direction de Jean Charest.