Les compressions de plusieurs dizaines de millions qui menacent le réseau de la santé mettent en péril la qualité et le maintien des services actuels, s'inquiète l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), en interpellant les chefs des partis.

Le récent budget Marceau prévoit une hausse d'à peine 3% de l'enveloppe dédiée à la santé cette année. C'est nettement insuffisant pour l'AQESSS, qui estime que des compressions de 400 à 600 millions sont à prévoir dans le réseau.

Selon l'organisation, la solution passe par un étalement de la hausse de rémunération accordée aux médecins. Une somme de 540 millions pourrait ainsi être récupérée et réinvestie dans le réseau.

L'AQESSS presse les partis en campagne électorale de s'engager à le faire. Sans quoi, ils doivent «faire preuve de transparence» et préciser à la population les services qui sont compromis, a déclaré la directrice générale Diane Lavallée.

«C'est impossible et c'est faux de dire à la population du Québec que si ces compressions sont au rendez-vous, on va être en mesure d'offrir les mêmes services à la population. C'est clair», a-t-elle lancé en conférence de presse.

L'AQESSS souhaite d'ailleurs que les différents partis politiques s'engagent à revoir le panier de services couverts en fonction de «la pertinence, des coûts et de la valeur ajoutée de chacun des services».

Au cours des dernières années, les établissements de santé ont déjà absorbé des compressions de l'ordre de 627 millions. Le réseau ne peut en absorber davantage, affirme Mme Lavallée.

Le déficit global anticipé est de 150 millions, dont 90 millions uniquement à Montréal. Certains hôpitaux ont commencé à réduire les services, le personnel absent n'est pas remplacé et les listes d'attente pour des interventions chirurgicales non urgentes s'allongent, affirme la directrice générale de l'AQESSS.

Et même si les agences de santé étaient carrément abolies, comme certains l'ont déjà suggéré, les économies qui seraient faites ne seraient pas suffisantes. Le budget annuel des agences est de 100 millions, ce qui est loin d'être assez pour compenser les compressions, et il faudra toujours une structure régionale, indique Mme Lavallée.

Alors que les enjeux en santé tournent principalement autour de l'accessibilité aux soins et de la possibilité de voir un médecin, l'AQESSS souhaite aussi que le prochain gouvernement prenne exemple sur le reste du Canada.

La rémunération des médecins doit être liée à l'atteinte d'objectifs de performance et à un mécanisme de reddition de comptes pour s'assurer que les patients soient vraiment pris en charge, comme c'est le cas dans d'autres provinces, croit l'organisation.Il faut aussi se tourner davantage vers les autres professionnels de la santé, notamment les infirmières et les pharmaciens, qui ne parviennent toujours pas à s'entendre avec Québec pour offrir de nouveaux services.

La position des partis

Ce qu'ils pensent de l'étalement de la hausse de rémunération des médecins :

PQ : L'étalement est prévu dans le budget Marceau. La somme récupérée serait redistribuée dans le réseau.

PLQ : Pas question de revoir cette entente, mais la hausse du budget santé serait de 4 % (au lieu de 3 % actuellement).

CAQ : Pas besoin d'étaler cette hausse de rémunération, car des sommes seraient récupérées en réduisant le personnel administratif.

QS : La hausse consentie aux médecins est «abusive». Prône un rehaussement des investissements en santé par un contrôle du prix des médicaments et un régime universel d'assurance médicaments.