Le candidat Jacques Daoust, du trio économique du Parti libéral du Québec (PLQ), ambitionnait d'être nommé à la tête de la Caisse de dépôt et placement, en 2009, grâce au soutien de la FTQ.

Comme le révèle une conversation obtenue par écoute électronique, diffusée à la commission Charbonneau en janvier dernier, entre l'ex-président de la FTQ Michel Arsenault et l'entrepreneur Tony Accurso, M. Daoust avait sollicité l'appui du leader syndical.

«J't'après essayer de faire rentrer un nommé Jacques Daoust président de la Caisse», dit M. Arsenault à son ami Accurso, avant de préciser qu'il lui a demandé «de l'aide». Michel Arsenault ajoute que Françoise Bertrand, qui préside la Fédération des chambres de commerce du Québec, est d'accord avec lui et qu'ils ont téléphoné à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, pour faire campagne en faveur de Jacques Daoust.

En janvier 2009, la fonction de PDG de la Caisse de dépôt était libre pour la deuxième fois en moins d'un an. Henri-Paul Rousseau avait quitté son siège huit mois auparavant et son remplaçant, Richard Guay, s'était retiré après avoir passé une bonne partie de son mandat en congé de maladie.

À cette époque, Jacques Daoust était à la tête d'Investissement Québec. Joint hier alors qu'il était à Trois-Rivières pour aborder des questions économiques au nom du PLQ, M. Daoust n'a pas nié ses ambitions. «J'ai passé toute ma carrière dans le milieu bancaire. Bien sûr que la Caisse pouvait m'intéresser», a-t-il dit à La Presse.

Le Fonds de solidarité FTQ est un «allié naturel» d'Investissement Québec, ce qui explique, selon M. Daoust, qu'il ait demandé le soutien de Michel Arsenault. «Si vous êtes capable de rallier le président de la FTQ et la présidente de la Fédération des chambres de commerce, c'est que vous faites une bonne job. Je prends ça comme un compliment», a-t-il ajouté.

Dans la conversation captée par la police, la perspective de la nomination de M. Daoust réjouit Michel Arsenault. «Si je peux rentrer Daoust là, mon ami, on va avoir du fun», lance-t-il.

Jacques Daoust soutient que cette déclaration doit être interprétée positivement. «Tout le monde qui travaille avec moi a du fun parce qu'il s'agit de faire des interventions auprès d'entreprises et réussir à les aider. Et avec Michel Arsenault et le Fonds de solidarité, c'est ce qu'on faisait», a-t-il affirmé.

En mars 2009, le gouvernement de Jean Charest a causé la surprise en nommant Michael Sabia au poste de PDG de la Caisse. Il y est toujours.

Quant à Michel Arsenault, il souhaitait, à la même époque, être nommé administrateur au conseil d'administration de la Caisse de dépôt. Le matin même de la conversation entre MM. Arsenault et Accurso, la démission de l'ex-président de la FTQ, Henri Massé, du conseil d'administration de la Caisse de dépôt, était rendu publique. Ainsi, M. Arsenault lance à son ami: «Pis qu'c'est prob, qu'c'est moé qui prendrait sa place». «Bon, félicitations, my friend!», lui répond Tony Accurso.

Mais M. Arsenault, qui faisait alors l'objet d'une enquête de la part de la Sûreté du Québec sur la présumée infiltration du crime organisé au sein de la FTQ et du Fonds de solidarité, n'a jamais obtenu le poste.