Yves Desgagnés juge «complètement ridicule» la plainte déposée au Directeur général des élections au sujet de la diffusion gratuite à Illico de son documentaire La Première durant la campagne électorale. Mais il concède que cette diffusion ne nuit pas au sujet de l'émission, Pauline Marois, une femme qu'il admire et qui l'emploie comme pigiste depuis 2012.

«J'imagine que (les impacts de la diffusion) n'ont pas dû être si négatifs, parce que s'ils avaient été pourris, on n'aurait pas ce point de presse actuellement. C'est parce qu'il a dû faire une bonne job. Et je vais vous dire une dernière chose, j'aime beaucoup Mme Marois. Ça, c'est la vraie vérité», a affirmé le réalisateur mardi matin.

L'émission a été présentée à TVA en septembre dernier. Elle est disponible depuis neuf mois sur Illico, une division de Quebecor. On n'a donc rien changé à la programmation depuis le début de la campagne électorale.  Mais la Coalition avenir Québec a déposé une plainte la semaine dernière. Selon le parti, il s'agirait d'une dépense électorale faite par l'entreprise Illico, ce qui la rendrait illégale. Et il s'agirait d'une publicité diffusée durant la période de «black-out» qui doit être respectée la première semaine de la campagne.

«L'administration interne d'Illico, ça ne me concerne pas», a dit M. Desgagnés. Il qualifie la plainte de «véritable distraction».

 «Il n'est pas réapparu hier, ce documentaire. Il est là depuis neuf mois. Est-ce que l'administration doit retirer le documentaire? C'est une question qui se pose», a-t-il ajouté en marge d'un point de presse de Mme Marois.

M. Desgagnés accompagne la chef du Parti québécois (PQ) durant la campagne électorale. Il avait été engagé par le PQ durant la campagne de 2012 pour mettre en scène cinq événements, dont la soirée électorale du 4 septembre, où Mme Marois a été victime d'une tentative d'attentat.

Il a ensuite réalisé une émission spéciale, La Première. «On avait pris des images de l'attentat, et je voulais rappeler aux gens que dans notre société démocratique, quelqu'un qui prend la parole n'a pas le droit de se faire menacer et se faire tirer», a-t-il raconté. Il voulait aussi «rappeler que la personne qu'on (ciblait), c'était une femme qui avait un itinéraire politique». Mais «ce n'est pas un documentaire sur Mme Marois», dit-il.  

Le technicien Denis Blanchette a été victime du tueur et son collègue Dave Courage a survécu à ses balles. M. Desgagnés aurait pu mourir aussi. «Après Dave Courage, j'étais le prochain à être tiré. Ça donne un choc, ça.»

En janvier 2013, avant la diffusion, l'artiste a été engagé par le gouvernement péquiste. «On m'a demandé comme consultant de participer à un comité communication-événement, où il y a des gens de marketing, des producteurs et différents spécialistes de la communication. Et comme il paraît que j'avais fait une job pas pire aux événements, on m'a dit: Yves, voudrais-tu participer à ce comité? C'est tout», a-t-il expliqué. Il dit avoir reçu 29 000 dollars pour ces contrats.

Mais il ne faut pas établir de lien entre La Première et ses contrats pour Mme Marois, insiste-t-il. «Le film n'a rien à voir avec ça. Il ne faut pas mêler les deux choses (...) Mme Marois ne m'a pas payé pour faire un documentaire. C'est complètement ridicule!»

«S'il n'y avait pas eu le 4 septembre, je n'aurais pas fait ce documentaire», a-t-il ajouté.

«Il faut être très prudent, les amis, de faire du cause à effet en disant que c'est une infopub pour mousser Mme Marois.»

- Avec Philippe Teisceira-Lessard