Après s'être engagé à augmenter le salaire des enseignants du primaire et du secondaire, François Legault affirme maintenant que le gouvernement n'a pas suffisamment d'argent pour réaliser cette promesse.

Le chef caquiste recule ainsi sur une mesure phare de son «Manifeste de la Coalition pour l'avenir du Québec» de 2011, transformée en engagement électoral l'année suivante.

«Malheureusement, dans les quatre prochaines années, on n'a pas de marge de manoeuvre pour augmenter le salaire des enseignants», a indiqué M. Legault au cours d'une conférence de presse, ce matin.

«Je voudrais le faire, mais on n'a pas cette marge de manoeuvre. Il faut se dire la vérité.»

Le chef caquiste pointe du doigt les déficits enregistrés par le gouvernement Marois pour expliquer cette volte-face. «Les choix qui ont été faits et la baisse de la croissance économique sont très inquiétants», a-t-il dit.

Le chef libéral Philippe Couillard s'est dit «surpris» par la volte-face de la CAQ.

«Je me souviens que sa position était totalement différente il y a quelque temps, a-t-il relaté. Mais M. Legault aime bien être sur la clôture, c'est sa position traditionnelle. Ça pique des fois quand on est sur la clôture. »

Donnant-donnant

En 2012, la Coalition avenir Québec avait présenté cette hausse de salaire comme un moyen pour mieux faire accepter l'introduction d'une évaluation des professeurs.

À l'époque, la formation politique s'engageait à «augmenter la rémunération moyenne des enseignants et des directeurs d'école du primaire et du secondaire. Chaque enseignant verra son salaire augmenter de façon significative.» La hausse aurait été modulée pour offrir davantage aux profs qui acceptent d'enseigner en «milieu difficile».

En échange, on voulait instaurer «des mesures destinées à évaluer la performance globale des enseignants et à favoriser l'amélioration continue».

Ce matin, l'équipe de M. Legault réitère qu'un éventuel gouvernement caquiste négocierait tout de même avec les syndicats afin de pouvoir évaluer davantage les professeurs, malgré l'abandon des hausses salariales.

«Il y a des écoles qui le font [déjà], a indiqué le chef. Il faut s'assurer que ce soit fait dans toutes les écoles du Québec auprès de tous les enseignants.»

François Legault dit être convaincu que tous les enseignants veulent s'améliorer et offrir les meilleurs cours à leurs élèves. «Ils peuvent juste être d'accord avec ça», a-t-il ajouté.

En point de presse, le chef caquiste a aussi souligné que la situation pourrait évoluer après quatre ans d'un gouvernement mené par son parti.

«Ni le PQ, ni le Parti libéral ne proposent d'augmenter les salaires au-delà des conventions collectives. Nous aussi nous allons les respecter», a-t-il assuré. Par la suite, «dans un deuxième mandat, ça va faire partie de nos priorités».

Commissions scolaires abolies

Par ailleurs, M. Legault a entonné samedi matin un refrain maintes fois entendu: celui de l'abolition des commissions scolaires.

En cette quatrième journée de campagne, il a réitéré vouloir redonner le pouvoir aux établissements scolaires et mettre fin à ce qu'il qualifie de gaspillage des fonds publics.

Entouré de son épouse et de plusieurs candidates et députées sortantes, en cette Journée internationale des femmes, le chef caquiste a plaidé que les directions d'école et les conseils d'établissement sont les mieux placés pour offrir les services directs aux élèves.

L'abolition des commissions scolaires figurait dans le programme de la CAQ lors de la dernière campagne électorale.

- Avec la PC et Tommy Chouinard