La campagne électorale s'est mise en branle mercredi. Les chefs des trois grands partis ont amorcé leur tournée du Québec.

CAQ: Legault met sa tête sur le billot

Le 7 avril, jour du scrutin, ça passera ou ça cassera pour François Legault.

En entrevue avec La Presse, hier, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a clairement admis qu'à moins que son parti progresse, il menait actuellement sa dernière campagne électorale. «C'est la campagne de ma vie, parce que si les gens n'appuient pas les idées que je vais marteler pendant 33 jours, ben, je me cherche pas une job, je vais aller faire autre chose», a-t-il dit. «C'est cette fois-ci que ça se passe.»

M. Legault a affirmé qu'il «voi[t] les sondages» et qu'il «voi[t] la réaction de la population». «De deux choses l'une: soit ils sont d'accord avec le changement que je propose, soit ils ne sont pas d'accord. S'ils ne sont pas d'accord, je ne peux pas continuer», a affirmé le chef de la CAQ. Selon lui, le virage proposé par sa formation politique n'est pas doux et peut faire peur aux électeurs. «Ce sont des changements qui sont durs, a-t-il admis. Moi, je persiste et je signe, je ne changerai pas de discours.» Les familles de la classe moyenne - «étouffées» par les impôts et les taxes - comprennent toutefois l'importance de ce virage, a-t-il plaidé.

La «journée 0» de sa campagne électorale n'a pas été de tout repos. M. Legault s'est réveillé hier matin devant les chiffres d'un sondage Léger qui lui attribuait 15% des intentions de vote. Quelques heures plus tard, alors que Pauline Marois déclenchait les élections à Québec, il annonçait le départ de sa députée Hélène Daneault, le visage de la CAQ en matière de santé.

- Philippe Teisceira-Lessard

PQ: un début de campagne contrôlé

C'est un début de campagne très contrôlé. Pauline Marois n'a pas répondu aux questions des journalistes parlementaires hier. Et ce, même quand elle se tenait devant les micros de la petite salle de conférence de presse du local de son candidat dans Maskinongé, Patrick Lahaie. Ce n'était apparemment que pour visiter ces installations. «Pas tout de suite, les amis», a-t-elle dit aux journalistes qui couvrent sa campagne. «Dans les jours qui viennent, on va avoir l'occasion de se parler longuement», a-t-elle ajouté avant de quitter la salle.

Elle est notamment accompagnée dans sa tournée par son faiseur d'image, Yves Desgagnés. Il a refusé d'expliquer la stratégie. Chose inusitée, Mme Marois s'est aussi contentée d'une déclaration, sans période de questions, pour annoncer le déclenchement de la campagne électorale. Elle a toutefois invité dans son autocar deux médias régionaux de la Mauricie, une région cruciale pour gagner les neuf sièges qui la séparent d'une majorité. La chef du Parti québécois (PQ) a visité des militants de deux circonscriptions qu'elle pourrait ravir aux libéraux (Trois-Rivières et Maskinongé).

Et elle a commencé sa journée dans un environnement contrôlé, dans la circonscription caquiste de Portneuf. Elle y a rencontré une quarantaine de travailleurs d'Alcoa à l'extérieur de l'usine, dans une opération coordonnée avec le parti. Québec a conclu une entente cet hiver avec l'aluminerie qui maintient son tarif préférentiel d'électricité et permet ainsi de sauver les 3300 emplois de ses trois usines au Québec.

- Paul Journet, Trois-Rivières

PLQ: Couillard s'inspire de Bourassa sur l'emploi

Philippe Couillard s'inspire de Robert Bourassa et de sa campagne de 1970 sur les 100 000 emplois. Il fait miroiter la création d'environ autant de «jobs» s'il est porté au pouvoir.

Dans un discours devant quelque 300 militants de Québec, hier soir, le chef libéral a donné un aperçu de l'engagement qu'il prendra en dévoilant les nouveaux visages de son équipe économique aujourd'hui. «Il y a un souvenir que j'ai, et qui date de quelques années, 1970. Que disait Robert Bourassa, vous souvenez-vous? 100 000 jobs. On va dire quelque chose de même. Regardez bien la télévision. On va remettre le Québec dans la direction de la prospérité et de l'emploi!», a lancé le chef libéral. Il accuse le gouvernement «toxique» de Pauline Marois de «détruire le Québec» et d'être responsable de la perte de 67 000 emplois à temps plein l'an dernier.

Pour lancer sa campagne électorale, Philippe Couillard a adopté un ton beaucoup plus incisif que celui qu'on lui connaît. Et il l'a utilisé pour attaquer le Parti québécois sur son terrain de prédilection: l'identité. «Je déteste ce gouvernement qui a l'habitude de nous dépeindre comme des gens menacés, des gens faibles!», a-t-il tonné en conférence de presse. Selon lui, les Québécois sont «de plus en plus forts» et «n'ont pas besoin des béquilles du PQ pour se tenir debout». Il faisait allusion au projet de charte des valeurs, qui prévoit l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique et parapublique. 

- Tommy Chouinard, Québec