La majorité des députés péquistes ne croient pas à la tenue prochaine d'un référendum, a soutenu mercredi François Legault, quelques heures après que le candidat péquiste de Portneuf eut affirmé qu'il était un «souverainiste en temps et lieu».

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En entrevue avec La Presse Canadienne, le chef de la Coalition avenir Québec a fait valoir que selon son expérience, les souverainistes pressés ne sont pas légion au Parti québécois (PQ).

M. Legault a plaidé qu'il ne craignait pas que sa formation politique ne se retrouve entre l'arbre et l'écorce - comme ce fut le cas dans le cadre du débat sur la charte de la laïcité - si le sempiternel enjeu de la souveraineté s'imposait comme l'un des thèmes de la campagne électorale.

Selon lui, les référendums de 1980 et de 1995 n'ont fait qu'affaiblir le Québec par rapport au gouvernement fédéral et leur tenue est en grande partie responsable du fait que la province stagne depuis environ quatre décennies.

Installé dans la suite d'un hôtel de Québec, en fin de journée, François Legault a esquissé un sourire en évoquant les propos du candidat péquiste de la circonscription de Portneuf, Hugues Genois, qui a affirmé mercredi qu'il ne croyait pas à la nécessité de tenir une consultation sur la souveraineté dans le prochain mandat si Pauline Marois obtenait le premier mandat majoritaire qu'elle réclame.

Un peu plus tôt, lors de son discours d'ouverture, le leader caquiste a assuré que la défection-surprise de la députée Hélène Daneault et l'annonce de la suspension des travaux de la Commission Charbonneau ne l'empêcheraient pas de mener la «campagne de sa vie».

L'encre de la signature du lieutenant-gouverneur sur les décrets permettant la dissolution de l'Assemblée nationale n'était pas encore sèche que déjà, une première tuile s'abattait sur François Legault et les troupes caquistes: la députée de Groulx, Hélène Daneault, annonçait son départ inopiné.

La docteure Daneault avait pourtant affirmé qu'elle briguerait un second mandat sous la bannière caquiste. Ce sont des «raisons de santé» qui l'ont amenée à revoir ses plans, a expliqué M. Legault à l'issue de son discours d'ouverture, qui s'est tenu en milieu d'après-midi à Québec.

Quelques minutes auparavant, la Commission Charbonneau y allait d'un coup de théâtre en signalant que les audiences seraient suspendues pendant la période électorale, contrairement à ce qu'elle avait - elle aussi - annoncé au préalable.

Mais le chef caquiste a refusé de se laisser abattre par ces deux écueils de début de campagne.

Certes, il aurait bien aimé avoir plus d'informations sur la façon dont le ministère des Transports fonctionnait à l'époque, sous la houlette des gouvernements libéral et péquiste. Oui, la Commission Charbonneau aurait pu donner des munitions à la CAQ en s'intéressant au financement politique des partis provinciaux, a-t-il convenu.

Toutefois, la commission d'enquête est souveraine et indépendante, a fait remarquer François Legault, se disant «zen» et «serein» comme il le soutient sur toutes les tribunes depuis quelques jours.

Les Québécois, eux, auraient avantage à se montrer un peu plus «orgueilleux» et prendre le «beau risque» d'élire un gouvernement de la CAQ le 7 avril prochain, de l'avis du chef caquiste.

«Come on, soyons un peu orgueilleux», a-t-il martelé après avoir comparé la situation économique québécoise à celle des autres provinces et pays, déclenchant un tonnerre d'applaudissements dans la salle de Québec où il a livré le premier discours de la campagne.

François Legault a rappelé qu'il déposerait dès jeudi un cadre financier pour les quatre prochaines années dans lequel il entend démontrer qu'il peut atteindre l'équilibre budgétaire dès la première année et réduire sensiblement les impôts des contribuables.

Il a affirmé que son principal adversaire n'était ni le Parti québécois ni le Parti libéral, mais bien la résignation de l'électorat.

Il a fait valoir que les Québécois se disent en faveur d'une réduction des dépenses et des impôts, mais ne croit pas qu'un parti politique aura le courage de faire ni l'un ni l'autre.

Le chef caquiste estime qu'en mettant toutes ses cartes sur table le premier jour de la campagne, il sera en mesure par la suite de convaincre les électeurs du sérieux de ses intentions.

Même s'il lui reproche de ne pas respecter sa promesse de tenir des élections à date fixe, François Legault estime qu'il était temps que Pauline Marois annonce un scrutin, estimant qu'il fallait mettre un terme aux dépenses incessantes de son gouvernement depuis six mois.

Le chef caquiste se dit confiant de pouvoir affronter le PQ sur le terrain de l'identité puisque la CAQ est aussi en faveur d'une charte de la laïcité, mais dans une version qui se rapproche davantage des propositions de la commission Bouchard-Taylor.

Cependant, il estime que ce débat ne vise qu'à détourner l'attention du bilan économique lamentable du gouvernement péquiste.